le couple et son intimité dans la procréation assistée.

J'espère ne pas être maladroite.

Je suis totalement ignorante des méthodes/possibilités/ traitements proposés aux couples pour assister médicalement la conception de leur bébé.

Mais je me demandais comment on le vit en tant que couple : est-ce qu'on n'est pas plus tendu vers ce but, au détriment d'un certain naturel ou d'une spontanéïté dans les relations amoureuses? Comment un couple se construit autour de la PMA? Comment perdure-t-il?

Même si ce sont là des questions très personnelles, qui pourront paraître naïves à ceux qui sont passés (ou passent) par là, je pense que le partage des expériences peut aussi en aider certains.

Bon...

Tout ça a bientôt 10 ans pour moi, mais voilà ce que j'en retiens.

Je ne vais pas m'étendre sur les détails, mais ce n'est pas tant le traitement PMA en lui-même qui perturbe la vie sexuelle du couple stérile, c'est le constat de cette stérilité qui est difficile à accepter, et ça, ça a une influence directe sur le désir.

Après, le traitement hormonal est épuisant (prises de sangs et écho tôt le matin, piqûres douloureuses) et surtout, la tension est telle que plus rien n'existe en dehors du résultat. Pas même une sexualité épanouissante.

Ceci dit, le sujet m'a l'air tabou, à l'époque personne n'en parlait, et il avait fallût que je regarde une émission de Delarue consacrée aux FIV pour me rendre compte que nous n'étions pas les seuls.

Le nez dedans...(façon de parler), je ne vis pas les choses tout à fait pareil.

Je trouve les examens pénibles aussi (et pourtant je me cantonne pour l'instant à du "moins pénible" que Lorène) pour l'aspect: c'est fatiguant, ça prend du temps, les prises de sang font des bleus et obligent aux manches longues quand il fait chaud (la deuxième fois, pas de bleu, ça change la vie ), on ne sait qu'au fur et à mesure ce qui va se passer, on ne peut pas anticiper (et ça, c'est insupportable pour moi). et les taux de réussites sont tout de même assez peu encourageants.

Pour ce qui est de l'invasion du médical dans le couple, je réagis comme pour n'importe quel examen gynéco, en m'absentant de moi-même le temps que ce soit fini... Et le reste du temps, j'essaie de continuer ma vie normale sans focaliser, en appréciant ce que j'ai pour le moment (chez nous la découverte des causes a été plutôt un soulagement, là encore ne pas savoir était pire). Mon mari est assez dans le même état d'esprit.

Pour ce qui est de l'intimité du couple, ben c'est forcément plus réduit que quand on fait comme on veut, parce que de J1 à J5 ou 6 ce sont les règles, puis à partir de J10 abstinence... Jusqu'à... ça peut durer parce que le cycle ne se déroule pas toujours comme en théorie... puis "la médecine intervient", donc, puis commencent "les jours les plus longs" avec ( attention détail glamour), 12 jours d'ovules de progestérone qui se dissolvent en une sorte de pâte que je trouve assez dissuasive... puis deux trois jours après la fin de ces ovules, le cycle suivant démarre si ça n'a pas marché... ça laisse peu de jours où on peut ne pas y penser (et puis avec les médicaments, les seins sont assez douloureux, ce n'est pas top confort non plus)... Mais pour l'instant (pourvu que ça dure!) on arrive à se retrouver quand même et ça ne mine pas vraiment la relation (qui serait plutôt pacifiée ces derniers temps au contraire, sans lien de cause à effet, je pense).

Voilà.

Abigaelle a écrit:

12 jours d'ovules de progestérone qui se dissolvent en une sorte de pâte que je trouve assez dissuasive...

Oh punaise ! Je les avais oubliés, ces trucs-là !

Pour que tt le monde comprenne, ce sont des gélules à introduire ds le vagin.

Beurkkkkkkkkk !

Depuis que Anne a posté ce topic je me dis "suis je concernée ou pas"

Je pars du principe que cela fait 2 ans que l'on essait que ça ne marche pas donc oui le sujet me concerne.

Comme abi je dirais que les examens sont pénibles, l'attente des résultats, trouver le cabinet qui peut nous prendre pour tel examun à J + 13 et pas J + 14 et les prises de sang à J + 23 c'est prise de tête. Le manque de diplomatie des praticiens aussi, d'annoncer cash sans ménagement "bon à J + 8 toujours les ovaires vides" :(

Pour le moment tout cela n'a rien changé dans notre intimité sauf que parfois on se force (au début mais apres ...) parceque c'est peut être le jour de l'ovulation, toujours calculer et pas rater le Jour J et quoiqu'il arrive faire un calin.

Je n'ai pas encore fait tous les examens et mon mari aucun, je sais qu'on devra surement approndir cela et je pense que les examens à venir sont pas glop du tout et ça me fait peur, car pour le moment je n'ai pas ressenti de soutient d'aucune personne du corps médical

Je rejoins Lorène

après 4 ans d'essais,d'attente d'examens et de traitements hormonaux..bin je dois bien avouer que aujourd'hui encore ma libido est pas toujours au dessus du niveau de la mer mais s'il est vrai que j'ai connu beaucoup mieux, j'ai connu pire aussi.

pour retracer ces 4 ans,je dirai que ça s'est passé en 4 périodes:

-les 1ers temps: l'idée de faire le ptit tournait tellement a l'obsession que les relations y perdaient un peu (voir beaucoup )en spontanéité mais bon, on poursuivait l'entrainement encore avec plaisir .

-quand on a eu les resultats des 1ers examens:est venu le temps de la culpabilité!on nous a annoncé que dame nature ne nous accorderait jamais ce dont on rêvait naturellement, que pour nous c'etait fiv icsi obligatoire.Ma moitié a mal encaissé la nouvelle: même si les examens montraient que 8% des zozos etaients exploitables, pour lui ,c'etait comme une infertilité totale :no: .sur ce,s'est enchainé une tite depression,resultat libido zéro.La depression liée a la nouvelle des problemes de fertilité, ont mené a mal notre couple, jusqu'a le mener a la limite de la séparation. Mais après une bonne mise a plat ,on est reparti amoureux comme au 1er jour et zou..retour des gros calinoux aussi .

-les differentes tentatives:le traitement n'aide pas a se sentir bien dans son corps.il peut faire prendre du poids, il fait gonfler le ventre,il fait mal aux ovaires..que du plaisir !on se transforme en "usine a ovocytes",Pas question de prendre le risque de tomber enceinte naturellemnt dans cette période bien sur (y'a peu de chance mais bon). Puis une fois ponctionnés,fécondés et réimplantés les ovocytes ,nous voila transformés en mère porteuse ; ajoutons a cela ( abigaelle fait bien de le souligner) les ovules de progesterone post transfert ,2 fois par jour, qui fondent comme des smarties au chocolat blanc et les hormones qui rendent les seins gonflés et douloureux au toucher ...c'est très loin d'etre glamour et agréable, faut bien l'admettre :)! En plus, faut toujours garder en mémoire,les jours d'abstinence obligatoires avant les examens ou pour le recueil de zozos pour Mr! "chéri ça te dirait un gros calin? nan j'peux pas j'ai spermogramme dans 2 jours" .Bref c'est pas toujours évident a gerer mais on tache entre 2 fivs de se retrouver.C'est indispensable.

- la fiv réussie: alors là, libération totale de la pression qui pese depuis si ( voir trop) longtemps.plus de préoccupations a avoir sur une potentielle fécondation,bébé est là ,ça y est! retour des a profusion !j'ai vraiment apprécié ce moment,même si malheureusment du fait de la fausse couche il a été de courte durée et on espère bien vite le retrouver.

La prochaine tentative etant en septembre ,on profite un max de ces quelques semaines de répit pour se retrouver avant que recommence "la grande messe de la pma et ses multiples rituels".

en conclusion je dirais qu'il est tellement facile de se perdre et si difficile de se retrouver.De nombreux couples ne résistent pas a la pma: certains preferent cesser les traitements,d'autres se séparent tout simplement.
Alors si je n'avais qu'un conseil a donner a un couple qu va entrer en pma,c'est d'être très attentif a se garder des moments,hors traitements,pour se retrouver en tant que couple amoureux et pas uniquement en tant que potentiels futurs parents d'un bébé qui se fait désirer.

trisss a écrit:

Alors si je n'avais qu'un conseil a donner a un couple qu va entrer en pma,c'est d'être très attentif a se garder des moments,hors traitements,pour se retrouver en tant que couple amoureux et pas uniquement en tant que potentiels futurs parents d'un bébé qui se fait désirer.

Merci pour ton témoignage, Trisss. effectivement, pour quelqu'un qui ignore toutes ces épreuves, c'ets spontanément ce que l'on se dit : que cela doit être difficile de cesser de se focaliser là dessus, et finalement, l'éccueil doit être d'instrumentaliser trop la relation amoureuse vers le but d'avoir un bébé.


C'ets vrai que cela peut être le cas hors PMA, la difficulté des traitements doit rajouter au stress, et je ne peux qu'imaginer l'angoisse de devoir les recommencer si le bébé hélas ne vient pas...

Tout d'abord, je trouve super que ce soit quelqu'un qui ne soit pas passé par là qui pose la question !
Merci ! Car c'est vrai qu'on se sent bien trop souvent "à part", ou "pas comme les autres".

En fait pour nous, les problèmes ont commencés avant la PMA, car j'ai une "endométriose" (maladie gynécologique qui m'a donné pas mal de fil à retordre et de douleurs à gérer).

Déjà à ce moment là, les relations sexuelles étaient assez difficiles à gérer, et n'étaient plus vraiment "naturelles" car je devais tout le temps trouver une position qui ne me donnerait pas de douleur...
Puis il s'est avéré que mon mari avait aussi un souci, pas assez de spermatozoïdes, du coup, on était à deux avec nos problèmes... un double problème ?
On a eu des moments difficiles, on a doutés, surtout moi... plus rien ne tournait rond dans ma tête...

Puis il y a eu la PMA. C'est vrai qu'à partir de ce moment là, on sait pertinamment qu'on ne fait plus "crac crac" pour avoir un bébé, mais par "envie".
Mais les envies sont parfois bien enfouies... quand on doit subir tous ces traitements, qui nous mettent en ménaupose artificiel au début, puis à l'inverse, nous stimule les ovaires 15 jours plus tard avec comme seul but, receuillir nos ovocytes !
On vit au rythme des piqûres, des prises de sang, du spray, etc
Notre corps est poussé à bout... les ovaires sont très gros, c'est parfois douloureux.

Alors oui, je pense que si dans le couple, on oublie de communiquer, cela ne sert à rien de passer par la PMA, car c'est voué à l'échec: du couple !

Il faut parler, raconter à son mari, lui aussi doit prendre le temps pour comprendre, doit aussi raconter ce qu'il a sur le coeur etc.
Parler des envies, et surtout sortir de l'ordinaire est un + !
Dans un rythme de vie dirigé par la médecine, nous avons besoin d'un coup de folie ! Alors il faut laisser aller son imagination et alors ça marche

Mais bon, c'est pas toujours évident, parfois on reste des semaines sans rien faire, et c'est difficile pour le couple.

Je trouve dommage que cela soit encore tabou, je m'en rend compte autour de moi, cela parait si difficile de parler de tout ça à son entourage...
Et pourtant, encore une fois, la communication ! y a que ça de bon

Stef de brux

Je relisais ce topic parce qu'à l'annonce qu'on allait devoir forcément passer par une FIV pour faire venir notre petit bout (et d'ailleurs je suppose tous nos petits bouts éventuels) j'ai ressenti un truc un peu étrange... Y'a un petit coin de mon cerveau (déjà dérangé, on le sait, ça doit etre les petits pois fluos et les saucisses...) qui a elevé la voix pour dire "ben tant mieux, comme ça le sexe ne sera jamais que du sexe !" Bref, on ne sera plus "entrain de faire des bébés", on sera "entrain de faire l'amour" (pardon, je traduis pour Emma : "entrain de baiser" ) et rien d'autre. C'est étrange, mais après tant de psychottage, après une grossesse nerveuse, les rapports, bien que toujours agréables, ont parfois été teintés de "et si c'était cette fois, et si là on était entrain de concevoir notre enfant...", même dans les moments improbables, juste après les regles ou autre... Maintenant, je suis quelquepart un peu soulagée de ne plus avoir à ressentir ce doute, on fera un bébé, mais ce sera séparé de notre vie sexuelle de couple, on saura où et quand notre enfant aura été conçu. Certes ça perd un peu de romantisme, mais en même temps, pour moi en tout cas c'est plus "clair" comme ça.

C'est sensé ce que je viens de dire là ?

Après, ben je ne sais pas comment on se retrouvera une fois que les travaux cliniques auront commencé, mais comme on est très "calins" (pas obligatoirement dans le sens sesquel, hein, calinous, bisous, caresses, toussa) et qu'on a quand même un très bon dialogue installé depuis des années, j'espère que ça ne se passera pas trop mal le temps de lancer ce premier bébé...

Ben on a pas été obligés de passer par là mais dieu que je comprends ce que tu as ecris.

Bébé a mis un an à s'installer. Dans les 1ers mois ca ne m'obsedait pas plus que ca et puis au fur et à mesure cette envie a pris de plus en plus de place dans ma tête. Je cherchais à faire calinou car je savais que c'etait la bonne periode, qu'il fallait que je pense à mettre dans telle position pour que les zozos restent

Les calinoux devenaient plus techniques et parfois j'oubliais le coté naturel et affectif du calin. Mon pauvre cheri quand j'y repense.

Je comprends tout à fait même si je m'exprime pas aussi bien que je le voudrais

Je te souhaite plein de reussite pour le futur

La suite de la "digression" sur la gym à faire pour que les "zozos ne tombent pas" (copyright@Emma) : ici!

Merci Anne Et merci Ilona aussi, mine de rien, même si la pauvre a été noyée dans un flot de spermatos qui tombent

Katcal a écrit:

Je relisais ce topic parce qu'à l'annonce qu'on allait devoir forcément passer par une FIV pour faire venir notre petit bout (et d'ailleurs je suppose tous nos petits bouts éventuels) j'ai ressenti un truc un peu étrange... Y'a un petit coin de mon cerveau (déjà dérangé, on le sait, ça doit etre les petits pois fluos et les saucisses...) qui a elevé la voix pour dire "ben tant mieux, comme ça le sexe ne sera jamais que du sexe !" Bref, on ne sera plus "entrain de faire des bébés", on sera "entrain de faire l'amour" (pardon, je traduis pour Emma : "entrain de baiser" ) et rien d'autre. C'est étrange, mais après tant de psychottage, après une grossesse nerveuse, les rapports, bien que toujours agréables, ont parfois été teintés de "et si c'était cette fois, et si là on était entrain de concevoir notre enfant...", même dans les moments improbables, juste après les regles ou autre... Maintenant, je suis quelquepart un peu soulagée de ne plus avoir à ressentir ce doute, on fera un bébé, mais ce sera séparé de notre vie sexuelle de couple, on saura où et quand notre enfant aura été conçu. Certes ça perd un peu de romantisme, mais en même temps, pour moi en tout cas c'est plus "clair" comme ça.

C'est sensé ce que je viens de dire là ?

Mais parfaitement !

Et c'est exactement ce que nous avons ressenti lorsque nous sommes passés en PMA... Des câlins rien que pour le plaisir, pas d'autre objectif que de se faire du bien.

Une vraie délivrance, quoi.

Je te comprends à 100%, Katcal.

Katcal a écrit:

Merci Anne Et merci Ilona aussi, mine de rien, même si la pauvre a été noyée dans un flot de spermatos qui tombent

Lol quand on desire on essait tout ce qu'on entend

Ah ben merci Lorène, ça fait du bien de me sentir moins seule dans ma dinguitude

et je rajouterai que les calins sont obligatoires en pma !

ça permet de garder en tete qu'on est autre chose que des "machines a produire des ovocytes et des spermatozoides". en plus à passer entre les mains : des infirmières, des echographes,des gynécos,des anesthesistes,des chirurgiens....on en finit parfois par ne plus etre qu' " dossier".je ne jette pas la pierre au personnel medical qui fait tout ce qu'il peut pour limiter ces "effets secondaires néfastes " liés a la masse des personnes suivies en pma .

J'avais été marquée par deux livres, deux témoignages de femmes qui sont passées par ce chemin particulièrement difficile pour le couple.

Je vous en donne les références, après avoir hésité pas mal, d'une part parce que ce sont des livres relativement anciens et qu'il y a certainement eu de nombreux progrès médicaux et de prise en charge psychologique depuis qu'ils ont été écrits, et d'autre part (et surtout), parce qu'ils racontent tous les deux des échecs de la PMA. Je ne voudrais pas que celles qui sont en questionnement par rapport à la PMA se sentent déstabilisées ou démotivées en lisant ces textes. Ce ne sont que deux témoignages, pas une vérité universelle.

Ce ne sont pas ces échecs que j'avais retenus, mais les difficultés pour les couples de voir leur intimité niée.

"l'enfant derrière la vitre" - Dominique Grange
"Un bébé, mais pas à tout prix" - Brigitte Fanny Cohen