Bon accrochez vous, en A4, ça fait 3 pages! lol
La naissance de Titouan
Cette deuxième grossesse a passé très vite, pas le temps de trop se regarder le nombril avec Aliaume qui focalise (presque) toute notre attention.
En raison de ma précédente césarienne, je suis « obligée » d’aller accoucher à l’hôpital. Pour que ça se passe quand même comme nous le souhaitons, nous avons rédigé un projet de naissance et nous pensons nous faire accompagner par une sage femme libérale : Caroline. Comme pour Aliaume, la grossesse se passe super bien : à peine un peu de fatigue et quelques aigreurs d’estomac. Comme pour Aliaume, on m’annonce un gros bébé avec une grosse tête (ben oui, ces deux là sont faits dans le même moule).
Pendant ma grossesse, je consulte à plusieurs reprises mon ostéopathe ; il diagnostique un blocage au niveau de mon sacrum, ce serait peut être pour ça qu’Aliaume refusait de s’engager (ce serait lié à un choc sur la tête, probablement lorsque je me suis fait agresser il y a une grosse dizaine d’année, bref…). On « travaille » la dessus, l’ostéo débloque tout ça, recentre mon utérus et mobilise mon bassin. Selon lui, tout est OK, je suis confiante.
Pourtant, lors de la dernière visite, mon gyné est partagé : selon lui il y a environ 50% de chances de réussir l’AVAC (et donc 50% de risques d’une autre césarienne). De toute façon, on laisse le traval se mettre en route et on verra… Je reste confiante et je veux voir le verre à moitié plein. Et puis, j’ai mes bottes secrètes, mon ostéo et ma sage femme.
Ma DPA est le 8 août, je prends congé à partir du 21 juillet ; je passe quelques jours tranquilles seule à la maison puis, à partir du 1er août, la crèche est fermée. Aliaume est donc avec moi la journée, pfff, ça devient dur. Vincent et mois sommes persuadés que ce bébé va faire comme son grand frère, nous l’attendons donc pour les jours précédant la DPA (moi, je parie pour samedi 5). Vincent prend donc congé du 3 au 21 août, ça devrait aller comme ça… Nous profitons de nos derniers jours à 3, Aliaume est le centre du monde.
Mais…les jours passent, la DPA aussi. J’ai un monito tous les 3 jours et…c’est le calme plat, pas la moindre contraction mais ilouelle est en plein forme. Je me demande d’ailleurs comment mon col a pu s’ouvrir à 3 (depuis début août) sans que je sente la moindre contraction. Plus le temps passe, plus j’angoisse. Le gynobs commence à parler induction… j’ai peur. D’une part, c’est tellement loin de nos rêves (déjà bien mis à mal par l’obligation d’aller à l’hopital) et d’autre part, j’ai peur que ça ne nous conduise tout droit à la césa, j’ai lu tellement de récits de déclenchements foireux. J’ai aussi peur de ne pas arriver à gérer la douleur d’une induction… Au moins, les monitos successifs me permettent de passer pas mal de temps avec Caroline et de beaucoup discuter avec elle, on parle de ma peur, de mes angoisses, de la pression que j’ai peur de mettre sur ce bébé en le chargeant de réparer la naissance de son frère…je pleure pas mal mais ça me fait du bien et Caroline est très à l’écoute.
Ca y est, le gynobs nous propose l’induction pour le lundi 14, selon lui, ça ne sert pas à grand chose d’attendre plus longtemps. On réfléchit, on en parle et on se décide pour le mercredi 16, laissons à ilouelle 2 jours de plus pour se décider à nous rejoindre. Je mets ces derniers jours à profit pour tenter de stimuler un peu mon corps : tisanes, massages, exercices d’hapto…rien n’y fait. Seul résultat, à force de cannelle et de clou de girofle, ça sent le marché de Noël dans la maison !
Face à mes craintes et à mon désarroi, ma copine Ingrid vole à mon secours. D’abord elle file mon numéro à une de ses amies qui a eu 3 césariennes : Sandrine m’appelle, on discute beaucoup, ça m’apaise. Ensuite, elle organise pour moi une petite cérémonie spéciale ; on invite des copines (vu que c’est hyper au pied levé, seule une autre Ingrid, maman de ma filleule, sera présente), on se réunit, on boit du thé, on allume de bougies et on papote beaucoup (la conversation roule essentiellement autour de la grossesse, de la naissance, des enfants), pendant que nos bambins jouent ensemble. Ingrid a apporté des bandes de plâtre et on réalise un moulage de mon ventre, c’est très amusant et aussi impressionnant de voir le résultat ! Les enfants sont d’ailleurs intrigués (encore maintenant, Aliaume réclame parfois de voir le « beau ventre de maman »). Dans le feu de l’action, ma filleule nous lâche un scoop : Ingrid est enceinte, elle aura son bébé en avril prochain, je suis ravie.
Cette après midi, ainsi que le soutien de mes proches et le papottes avec mes copines du net, m’ont permis de retrouver calme et sérénité, je suis prête à vivre ce que j’ai à vivre, quoi qu’il arrive.
Mercredi 16 matin : nous avons rendez vous à 7h30 à la maternité : lever tôt, dernier petit déjeuner à 3 et nous déposons Aliaume chez mes parents. En partant, je pleure, je suis triste de laisser mon petit mec, j’ai l’impression de lui préparer un coup foireux ! Il n’a rien demandé lui !
Arrivée à la mat, formalités d’admission puis arrivée au quartier d’accouchement, ça fait bizarre de débarquer comme ça, sans contractions, la valise à la main « bonjour, nous venons accoucher ». L’accoucheuse en poste est adorable, visiblement elle a lu (et retenu) notre projet de naissance et entend bien le respecter. De manière générale, tout le personnel qu’on rencontrera fera preuve d’un respect total de ce projet, il devancera même nos demandes sur les points qu’on n’y a pas abordés (comme les glycémies après la naissance). Elle me pose la perf, me propose de m’examiner (« vous comprenez, je préfère avoir un point de repère pour le début »), j’accepte : toujours 3 cm, rien n’a bougé et m’installe pour un petit monito de 15 minutes (assise sur le lit). La perf y va tout doux, sur un utérus cicatriciel, faut pas sortir la grosse armada tout de suite. La chambre est ympa, joliment décorée et agréable : éclairage tamisé, lecteur CD, jolie ambiance et pas/peu de matos médical. Un écharpe est accrochée à un gros crochet au plafond.
On passe la matinée à se balader dans les couloirs, avec les perf, c’est vraiment pas affolant ! Les contactions s’installent mais ne sont pas douloureuses. On s’amuse avec Vincent quand on est dans la chambre à observer les tracés de monito des autres chambres (on les voit toutes sur un seul écran, c’est rigolo). Vers 13 h, mon gyné passe me faire coucou (je suis prise la main dans le sac, ou plutôt dans le distributeur de collations, j’ai faim mdrrrr). A ma tête, il voit bien que ‘est pas pour tout de suite, il donne ses consignes à l’infirmière (qui entre temps a changé), on augmente la dose. A partir de la, les contractions commencent à être douloureuses, mais tout à fait gérables, on se balade, je vais sur le ballon, Vincent me masse le bas du dos, ça monte tout doucement. Vers 16 h, l’infirmière m’examine : 4 arggg ça n’avance pas, je commence à me décourager un peu. Elle me propose la baignoire mais comme ce n’est pas encore très douloureux, je préfère attendre et je gère avec les techniques d’hypnose. Vers 17h, la ça douille un peu. Re-TV : 5 ??? (l’infirmière a des « ??? » dans la voix, à mon avis, c’était plutôt 4,5 lol). J’ai mal, je demande la baignoire.
Vers 17h, le bain est prêt. Haaaa ça fait un bien fou, cette baignoire est terrible, avec des jets, des bouillons, des lumières, c’est fou. La SF y met des huiles essentielles, je me sens bien….pendant 10 minutes puis ça commence à douiller grave, je suis un peu perdue, j’arrive plus à me concentrer sur l’hypnose, ça va trop vite, trop fort, j’ai peur de ne pas y arriver, je sens que je retiens « vers le haut » à chaque contraction, c’est pas bon !. Puis, du fond de moi, un bruit sourd s’élève. Un son super grave, dans ma gorge, j’essaie de le tenir jusqu’au bout de la contraction, le visage enfoui dans la main de mon homme…hmmmmmmmmmmmmm…un truc bestial mais qui fait tellement de bien. Je vois bien que Vincent à peur, il veut aller appeler C, notre SF libérale, mais je ne veux pas qu’il s’éloigne. J’ai besoin de lui à chaque contraction, pour vocaliser dans sa main et les contractions sont trop proches pour qu’il aille téléphoner entre les coups. L’idée d’affronter une contraction seule me terrifie. Il finit par appeler vers 18h30 à côté de moi (au moins, comme ça, C « entend » mon état lol), elle va arriver, elle en a pour 45 minutes-1 heure.
La SF de garde arrive et me demande « Ca va Madame. Euh…non, je vois bien que ça ne va pas. Je peux vous proposer… (à ce moment là, je me dis, elle va dire « péri et je vais accepter et je vais ensuite le regretter comme une co…).. des granulés homéopathiques » mdrrr. Je l’aurais embrassée (yesss, elle a lu le projet et m’aide à y arriver !) et j’aurais avalé tout le tube !
Vers 19h15 je crois, je sens des secousses dans ma voix (je suis toujours en train de vocaliser) à la fin de chaque contraction, j’ai comme des spasmes, ça pousse ! Je me dis que je dois fabuler et je ne le dis pas. Mais 19h30, c’est très net, je préviens Vincent, ça pousse. LA SF vient voir : ben vous êtes à 9 madame, il va falloir sortir, je vais préparer la chambre (travail et naissance se « font » dans la même pièce dans cette mat). Je le crois pas…. Sur ce, C. arrive, je suis contente. Elle m’aide à sortir du bain, je mets ma main entre mes cuisses, je sens un truc (bêtement, je crois que c’est mon bébé lol). « Y a un truc qui s… » splatch la poche des eaux explose (je l’avais oubliée celle là), Vincent et C. en ont plein les pieds !
Bon, il faut retourner à la chambre et donc traverser tout le couloir Il doit faire 10 mètres, mais ça me paraît infranchissable ! En plus, je ne peux pas remettre ma chemise de nuit, c’est trop difficile, les contractions sont trop fortes. Je traverse donc le couloir à moitié à poil (Vincent cherche à me couvrir dignement mdrrr) en m’arrêtant 3 ou 4 fois pour me pendre à son coup. On doit avoir croisé des futurs papas effarés sur le trajet, mais je ne les ai pas vu.
Ouf, me voilà sur le lit, C. m’aide à m’installer, Vincent à ma tête. Il doit être 20h, ça pousse plus que jamais. Mon gyné arrive, il est calme et concentré. Lui et C me guide, il aide mon bébé avec sa main. Tous les deux ils me proposent leur épaule pour que je prenne appui avec mes pieds (j’ai essayé de me mettre sur le côté, mais ça fait trop mal, je ne peux pas tenir). C m’encourage, mais c’est looong, ça fait mal. Ca doit bien faire une heure que je pousse (arg, cette horloge au dessus de la porte, virez là !!!), j’ai l’impression que ça n’avance pas. Quand je demande si « ça va passer » mon gyné répond « ça avance millimètre par millimètre, on va voir… » Su r le moment, j’ai l’impression qu’il n’y croit pas du tout, qu’on va vers la césa (a posteriori, je me dis juste qu’il était lucide et concentré).
Vers 21h15, j’en peux plus, je suis a bout, j’en ai marre. Je supplie « Sortez le de là, j’en peux pluuuus » (à mots cachés, je réclame la césa, mais ils font semblant de ne pas m’entendre). Je me souviens que Marie Christine au cours de la prépa hypnose m’avait parlé du mur du marathonien, ce moment de l’effort où on baisse les bras, on abandonne. Il paraît que les coureurs de marathon ont ça quelques km avant l’arrivée ; Si on le franchit, on trouve une nouvelle réserve d’énergie, une décharge d’endomorphines qui aident à continuer. Mais à ce moment là, je me dis « c’est de la connerie cette histoire de mur, je ne vais VRAIMENT JAMAIS y arriver ». A quoi bon toute cette douleur si c’est quand même pour finir sur le billard, qu’on en finisse tout de suite . C. me regarde intensément en silence, puis vient me murmure à l’oreille « quand tu pousse, on voit ses cheveux, continue comme ça ». Je l’aurais embrassée, me voilà regonflée, on tient donc le bon bout, je vais donc le réussir mon AVAC. Vincent va voir entre mes jambes et confirme : on voit bien le sommet du crane.
21h30, mon gyné me dit « il devrait naître d’ici 22h », ouf un deuxième coup de boost. Le reste est noyer dans un brouillard de douleur, de sueur, de cris aussi. Mon gyné me demande de pousser moins fort, il cherche à ménager mon périnée. Puis tout à coup: plus rien, tout s’arrête, le temps me semble suspendu, je ne comprends pas ce qui se passe jusqu’à ce qu’atterrisse sur mon ventre, un peu dans un fouilli, un petit bébé tout gluant, mon bébé, ça y est il est né ! (j’y crois tellement pas que je demande bêtement « ça y est, il est sorti ??? » à travers mes larmes). Je le caresses, je le renifle, je crois qu’il pleure un peu. On voulait laisser le cordon arrèter de battre tout doucement, mais…2 minutes après, une méga contraction et splatch mon placenta jaillit littéralement de moi. Du coup, c’est un peu la pagaille, il est important de stimuler mon bébé pour qu’il respire. On le frictionne énergiquement, mais c’est un pro déjà, il se met à respirer parfaitement. Je le garde sur mon ventre pendant qu’on me recoud (vu la violence de la sortie, j’ai une méga déchirure, le gyné n’a pas répondu à ma question « combien de points » ? gloups). Au bout de 10 minutes, je demande à Vincent « c’est une fille ou un garçon ? » Il ne sait pas non plus, C. non plus. Elle regarde sous le drap « je sais maintenant, mais je ne te le dirai pas, découvre le toi-même ». Je passe ma main sous le drap, je sens…d’abord le cordon, que je prends pour un zizi, quelle nulle…puis je remonte…c’est un mec ! Notre Titouan, quelle merveille. Mes soins se termine pendant que Titouan trouve le sein et se met à téter goulûment, c’est un vrai professionnel ! Puis il s’endort paisiblement. La SF de garde passe le voir et nous féliciter. 55 cm, 4kg 190, et 38cm de PC : pas mal, pas mal.
Mercredi 16 août 2006 à 21h43, Titouan est né et Aliaume est devenu grand frère. Les deux frangins se ressemblent comme deux gouttes d’eau.
La suite est magique, on nous a fichu une paix royale, on a pu sortir de la maternité après 2 jours (Titouan avait quasi déjà repris son poids de naissance).
Aujourd’hui, Titouan a presque 3 mois, il pousse comme un champignon. Sa naissance m’a réconciliée avec mon corps, on a fait une fameuse équipe. Il m’a fallu quelques temps pour récupérer, me remettre de cet effort énorme et voir s’atténuer la sensation d’effondrement interne que j’avais quand je me levais. Mais tout roule, on est heureux….