Grossesse et compulsions alimentaire (TCA)

Je souffre depuis ma puberté de compulsions alimentaire. La psychologue que je voyais l'année dernière m'a diagnostiquée comme "boulimique".
J'avais écris des articles/témoiganges sur ce sujet avant de penser sérieusement à faire mon bébé :

Citation :

La boulimie touche beaucoup plus de personnes que l’on ne croit (avec une fréquence plus remarquable chez les femmes.)
Les représentations populaires veulent que toutes les personnes boulimiques soient obnubilées par leur poids qu’elles tentent de maîtriser à tout prix. Elles compenseraient leur crises boulimiques (le gavage) par une pratique extrêmes d’exercices physiques, en se purgeant à l’aide de laxatifs ou, représentation la plus rependue, en se faisant vomir.
Toutes ces choses existent, mais elles concernent surtout les personnes souffrant d’anorexie mentale. En effet, certaines anorexiques ont des pulsions boulimiques dues à leur obsessions de la nourriture et à l’extrême frustration pendant les périodes de jeun qu’elles s’infligent.
Les anorexiques/boulimiques peuvent alterner des périodes pendant lesquelles elles vont faire plusieurs crises par jour, suivies de « purges » avec des périodes de jeun quasi complet.

Les personnes qui souffrent d’hyperphagie boulimique (qui ne se « purgent » pas et n’ont pas recours au jeun ou aux exercices physiques pour contrôler leur poids), se sentent en effet concernées par leur poids, pour la simple raison qu’elles en prennent naturellement beaucoup puisqu’elles n’achèvent pas une crise par une purge ou autre stratagème pour contrôler leur prise de poids. Parfois, si elles ne sont pas conscientes de leur problème alimentaire, et malheureusement, parfois même en l’étant, elles s’infligent des régimes qui ne font qu’accentuer leurs crises boulimiques et les effets de la privation (effet yoyo).

Citation :

Ma vie, mon frigo, mémoire boulimique…

En excès de poids depuis une quinzaine d’années et ayant suivi des dizaines de régimes se soldant toujours par des échecs accompagnés de l’effet yoyo, j’ai eu comme une prise de conscience : Et si mes problèmes de poids étaient le symptôme d’une fragilité psychologique ?
J’ai donc commencé il y a quelques mois une thérapie.

J'ai alors contacté les consultations du centre médical psychologique de ma ville.
Lorsque j’ai commencé à parler de mon rapport avec la nourriture, du fait que celle-ci était tout à la fois une amie et une ennemie, de la façon dont je mangeais, du fait que je n’arrivais pas à maîtriser les quantité avalées et que, seule une sensation de plein à la limite de la nausée pouvait me faire arrêter de manger, la psychologue qui me suit a lancé le mot : BOULIMIE.

J’ai d’abord refusé d’accepter ce diagnostique. Pour moi, une personne boulimique n’est pas obèse !
La boulimie c’est une maladie grave, et les personnes qui en souffrent sont obnubilées par leur apparence et leur poids. Comme l’anorexie, c’est un trouble mental grave.
J’ai certes, étant plus jeune, tenté de me faire vomir, et j’ai pris des laxatifs pendant une période aussi. Mais je n’ai jamais persévéré dans ces voies (je suis limite "émétophobe", c'est-à-dire que le fait de vomir m’est insupportable).
Le fait de donner un nom tel que "boulimie" à mon état est toujours quelque chose d’assez difficile. Je me sens comme une intruse dans ce monde là.
"La boulimie touche 70% des personnes qui sont en surpoids et qui consultent des nutritionnistes", m’a dit ma psy.
J’ai fait des recherches sur la forme de boulimie dont je souffre, la seule chose que j’ai trouvé qui s’en rapproche dans la description des symptômes est l’hyperphagie boulimique. Mais toujours selon ma psy, l’hyperphagie est une maladie due à la distension anormale de l’estomac, ce qui est relativement rare.

Il faut donc que je l’accepte, je suis boulimique. Il y a quelque chose qui me pousse malgré moi à me remplir.
Ce n’est pas facile du tout. Accepter!

D’abord, parce que cela me donne le sentiment d’avoir trouvé une "excuse" à mon obésité.
Ce que ma psy a révélé en me disant : "Vous n’avez pas de problème de poids. Vous êtes boulimique". Alors qu’après avoir passer des années à croire et à entendre dire que la volonté suffirait à me sortir de mes problèmes de poids, voilà que l’on m’apprend que je n’ai pas de problème de poids, mais que mon problème est bien plus profond.
C’était à la limite, plus facile de penser que je manquais de volonté. Au moins cela m’évitait, à moi (et à mon entourage) de poser la vraie question : "Mais qu’est ce qui ne va pas chez moi ?".
Personne n’a jamais cherché à savoir pourquoi je devenais toujours plus grosse et pourquoi, alors que motivée pendant mes périodes de "régimes", je n’arrivais pas à maigrir.
Il n’y avait pas de raisons médicales, alors ça ne pouvait être que moi et bien sûr c’était parce que je manquais de volonté.

Depuis que je suis "consciente" de mon problème, j’essaie de m’observer et de comprendre mon mécanisme de fonctionnement, ou plutôt, celui de mes pulsions.
La plus part du temps, mes "crises" surviennent alors que je suis seule.
Parfois j’arrive à en localiser la cause et parfois je ne sais pas pourquoi cela arrive. Je mange, vite, beaucoup, jusqu’à avoir mal, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de nourriture à ingurgiter.
Parfois j’en pleure parce que je suis incapable de m’arrêter. Je ne connais pas la faim, ni la satiété. Je sais juste les pulsions, les envies qui font perdre la tête et les nausées qui marquent la fin d’une crise.
Ca arrive comme ça, parfois je sais que ça vient, parfois ça me surprend, il faut que je mange.
Avec le temps j’arrive même à "prévoir" de quoi satisfaire mes pulsions.
Je comprends maintenant pourquoi les régimes que j’ai suivis n’ont jamais eu le résultat escompté sur moi : Bien sûr, le temps que j’arrivais à tenir, je perdais du poids. Mais les crises, aggravées par la frustration, finissaient toujours par avoir raison de ma perte de poids.
Quand j’y pense ! C’est horrible de m’être infligé ça.

Le chemin vers la délivrance va être long.
Il va falloir que je change ce comportement qui est tellement habituel et vital pour moi.
Ce rapport d'amour/haine que j'entretiens avec la nourriture devra prendre fin, pour ne laisser à la nourriture que la place qui lui est due : Apporter à mon corps les éléments nécessaire à son bon fonctionnement, chose que je sais, mais que je suis pour l'instant incapable d'appliquer.
Le goût et le plaisir de manger c'est encore vague pour moi. Quand je ne suis pas en crise, je sais dire que ce que je mange est "bon", mais lorsque je suis en crise, le goût est relativement, voire totalement occulté.
La possibilité de prendre du plaisir en se nourrissant au cours de repas cadrés et structurés ou la qualité prime sur la quantité me parait encore lointain.
J’ai aussi fait le deuil de beaucoup d’espoirs que j’avais, de fantasmes de minceur un jour.
Je sais maintenant que les régimes, non seulement sont mauvais pour le commun des mortels, mais qu’ils sont destructeurs pour les gens comme moi.
Les chirurgies gastriques me sont aussi interdites : elles ne soignent pas la boulimie. Une boulimique avec un anneau ou un by-pass est en danger de mort, car si l’estomac et plus petit, les crises, elles, sont toujours là.
Tout ce que je peux faire aujourd’hui, c’est essayer d’avoir une alimentation aussi équilibrée que possible en dehors de mes crises que je n’arrive pas à maîtriser pour le moment.
Je sais aussi que je dois comprendre pourquoi je suis devenue boulimique, et c’est peut être ce qui est le plus effrayant.
Mais j'ai décidé de me donner une chance, de devenir enfin heureuse.
Un jour après l'autre... Un jour après l'autre.

Je ne pense pas en être sortie, car j'ai encore une relation avec la nourriture très trouble. Je n'ai pas de sensation de satiété, notamment.
Je n'ai pas vraiment l'impression que ma grossesse ait changé mon comportement alimentaire, mais j'ai l'impression d'avoir eu moins de crises compulsives ou plutôt de façon moins anarchique dans la journée. J'ai pris des repas très copieux, mais j'ai rarement fait de crises en dehors des heures de repas...
Il me semble que ma grossesse n'a pas été source d'angoisses particulières.
J'en ai parlé à mon gynéco et à la sage femme qui m'a reçue à ma visite du 4ème mois. J’ai eu plus d'écoute de la part de la sage femme, ma gynéco n'ayant pas focalisé sur mon poids/ma problématique...

Souffrez vous de compulsion alimentaire ?
Avez vous eu une prise en charge particulière pendant la grossesse ?
Votre comportement alimentaire a t'il évolué (en mieux ou pire) pendant la grossesse ?

Je t'ai lue attentivement, et, pour pas mal de choses, je me suis retrouvée dans ce que tu décrivais. Au moins en partie, en tout cas.

Je n'ai pas entrepris pour ma part de thérapie... Ce serait long à expliquer et à argumenter, mais c'est - encore - hors de question pour moi.

Pendant la grossesse, je n'ai pas tellement évité les crises d'hyperphagie, si ce n'est qu'elles avaient lieu strictement à l'heure des repas, et non plus n'importe quand dans la journée.

Et puis au 7° mois, on m'a dépisté un diabete gestationnel... Moi qui me réfugiais toujours derrière l'idée que mon problème s'arretait à un problème esthetique, ça m'a fait un choc.

Déjà parec que c'est le nom d'uen maladie qui venait se greffer sur le truc ("diabete") et en plus parce qu'il y avait quelqu'un d'autre que moi qui pouvait en être atteinte...

ça a rajouté de la culpabilité au problème, alors qu'avant, je ne crois pas en avoir éprouvé... je ne me suis jamais faite vomir, jamais je n'ai fait d'exercices sportifs, etc... je mangeais trop, de façon anarchique, mais sans tellement prendre le temps d'y reflechir, quoi.

depuis quelques semaines je fais plus attention (plus de sucreries, mollo sur les féculents..) Mais je n'ai pas la naïveté de croire que les choses s'arrangent! je pense simplement que c'est parec que j'ai peur de faire du mal à Evane...

Tu demandes donc si mon comportement alimentaire a évolué pendant la grossesse...
Et bien sur la forme, oui, car je ne mange plus de façon anarchique comme avant...ceci dit, je n'ai pas tellement de mérite, car ce n'est pas un combat que je gagne, je crois que me savoir enceinte suffit à me motiver et à me convaincre, sans que j'aie à prendre sur moi.
Mais sur le fond, rien n'est résolu. ce que je fais, je sais que je peux le faire car j'ai l'épée de Damocles d'un bébé en mauvaise santé qui me pend au dessus de la tête : je n'ai pas la naïveté de croire que des problèmes si profonds seront résolus quand elle sera dans son petit lit!

Voilà... Beh ça me fait presque peur de parler de ça... Mais je sais qu'il faut déjà que j'arrive à l'exprimer pour essayer d'entrevoir uen solution... Peut-être que ce que tu as écrit (tes reflexions/articles, comme tu dis), ça peut être un bon début?! Il faudrait que je prenne le temps de réléchir posément à tout ça et de me mettre à le coucher sur papier, moi aussi...

Je ne suis plus actuellement en thérapie. Il y a des choses que je suis encore incapable de dire. Je fuis donc ce qui, à mon avis, pourrait m'aider à commencer vraiment ma prise en charge, c'est donc un peu vain... Plus tard, peut être, si je me sens prête à "lâcher le morceau"...

Pour ce qui est du diabète, je ne pense pas que ton comportement alimentaire ait fait que tu sois atteinte de diabète gestationnel, par contre, la prise en charge de ce diabète aurait pu être beaucoup plus difficile du fait de ton TCA.
Dans mon cas, on a réaliser les tests d'hyperglycémie provoquée on m'a d'abord dit que c'était pas très bon, puis que je « devais faire attention » et pour finir (le gynécologue de l'hôpital) qu'il n'y avait rien d'alarmant... Il se trouve que mon taux de glycémie grimpe vite et haut, mais il revient à la normale très bien ensuite.
Pendant un moment, comme personne n'était radical sur le fait que j'avais ou n'avais pas de diabète gestationnel, j'ai fais l'autruche. Je ne sais pas comment j'aurais gérer si on m'avait fait une consultation spéciale pour un vrai problème de diabète (avec le régime à suivre...), je me demande si j'aurais été capable de le suivre scrupuleusement, même en sachant qu'il pouvait y avoir un risque pour mon bébé. Je me rends compte d’à quel point c'est grave, mais je ne maîtrise tellement pas certaines de mes prises alimentaires que peut être je n'aurais pas pu gérer...
Je ne suis pas plus inquiète que ça, car mon bébé est tout a fait « dans la norme », son développement est tout ce qu’il y a de cohérent par rapport à son terme, donc c’est bon signe.

J’ai peut être aussi moins « observé » mon comportement alimentaire pendant ma grossesse. Mais comme je l’ai dit, il ne me semble pas que j’ai fait des crises compulsives en plein milieu de l’après midi par exemple… J’ai pu avoir des « envies », mais qui étaient facilement comblées sans que cela ne devienne une crise. Je n’ai pas non plus de sentiments de culpabilité par rapport à ce que je mange et la quantité que je mange… Mais la nourriture tient quand même une place importante dans ma vie. Par exemple, je dois aller m’installer chez mes beaux parents pour mon dernier mois de grossesse, et j’avoue que sur le plan alimentaire, cela me pose un problème. Je sais que je risque d’être frustrée : Je ne serai pas chez moi, je ne pourrai pas me nourrir comme je le veux, la quantité que je veux…

Cathy a écrit:

Pendant un moment, comme personne n'était radical sur le fait que j'avais ou n'avais pas de diabète gestationnel, j'ai fais l'autruche. Je ne sais pas comment j'aurais gérer si on m'avait fait une consultation spéciale pour un vrai problème de diabète (avec le régime à suivre...), je me demande si j'aurais été capable de le suivre scrupuleusement, même en sachant qu'il pouvait y avoir un risque pour mon bébé. Je me rends compte d’à quel point c'est grave, mais je ne maîtrise tellement pas certaines de mes prises alimentaires que peut être je n'aurais pas pu gérer...

Et bien oui... il m'est arrivé la même chose. En fait, quand j'ai récupéré les résultats au labo, il y avait inscrit la norme à côté des résultats. J'ai vu que j'étais juste à la limite... J'avais 1 semaine avant d'avoir la consultation... pendant cette semaine, j'ai fait l'autruche, comme tu dis : aprsè tout, j'étais à la limite, ça va...

Sauf qu'à la consultation, la gygy que j'ai vue (j'avais pas pu avoir celui de d'habitude) a été très alarmante, elle m'a parlé de déformations cardiaques et tout! Avec le recul, je lui en veux, j'ai su depuis que les déformations, c'est seulement si le diabete est installé au moment de l'organogénèse (début de la grossesse) et s'ikl n'est pas du tout traité, et s'il est très important... ça m'a carrement foutu un coup. D'autant plus qu'elle m'a envoyée direct faire un monito en urgence avec une écho, pour vérifier que tout allait bien. Ben ça, par contre, ça calme...

Cathy a écrit:

J’ai peut être aussi moins « observé » mon comportement alimentaire pendant ma grossesse. Mais comme je l’ai dit, il ne me semble pas que j’ai fait des crises compulsives en plein milieu de l’après midi par exemple… J’ai pu avoir des « envies », mais qui étaient facilement comblées sans que cela ne devienne une crise. Je n’ai pas non plus de sentiments de culpabilité par rapport à ce que je mange et la quantité que je mange…

Exact, et moi pareil. C'est ce qui me fait dire que même si je suis plus sereine (notamment parce que je n'ai pas fait de crises en journée), rien n'est résolu... Je crois que, consciemment ou non, je me suis dit que "tant que je suis enceinte, ça va, je verrai après pour tout remettre dans l'ordre". Mouais, des régimes j'en ai commencé des tas, et tous des lundi!

Oui, les régimes de début de mois ou début de semaine, je connais ça. Depuis que j'ai 12/13 ans...

Juste pour te dire que je suis boulimique aussi en thérapie mais que cela ne m'a posé aucun soucis pour tomber enceinte ou pendant mes grossesses car enceinte, aucun soucis quasi de boulimie!

J'ai eu 8 grossesses dont 5 bb en pleine forme et le reste n'a rien à voir avec ma boulimie :o))

Courage et pleinssssss de bisous!

Hum... La perspéctive de laisser mon fils, de reprendre la formation, voilà que je recommence à être obnubilée par la nourriture... J'ai des "envies" et c'est hyper frustrant... Ca me gonfle...

je ne sais pas trop quoi dire à part t'envoyer des

je sais pas pourquoi je viens de lire ce post.....je suis toute retournée......

je me reconnais dans tout ce que tu écris.....

l'obésité et la boulimie sont des bêtes noires....

une anorexique est vue, aux yeux de la société comme une fille qui à le contrôle de son alimentation, qui a de la volonté! en plus, comme elle est très mince, elle colle à l'image véhiculée par la société, c'est encore mieux!
une boulimique, obèse de surcoit est vue comme une grosse paresseuse, n'ayant aucune volonté de maigrir....donc, faut pas qu'elle vienne chialer si elle ne rentre pas dans un 32-34 hein! elle bouffe tout le temps!

ca me tue ce genre de jugement!

je suis en pleine crise depuis 2 mois, je sais pas par ou m'en sortir, je sais pas ou le dire et plus je doute, j'ai peur, je panique....plus je mange, evident non?

je crois qu'il y a une raison....en fait, je sais qu'il y a une raison! elle est même dans les statistiques cette raison, mais c'est pas plus facile pour autant! c'est a se demander si le fait d'être grosse ne nous protège pas( ou plutot est ce que on se sens protégé par le fait d'être grosse).....

à suivre!

bon courage Cathy!
bisous