Accrochez vous, j'ai écrit un roman... je ne voulais oublier aucun détail pour le transmettre à Noah plus tard...
Le 26 avril vers 19h, comme j'avais eu beaucoup de contractions depuis mercredi, mon chéri me dit "allez on va faire un tour à la maternité on sait jamais". Ma mère était très stressée car elle a accouché très vite pour mon frère et moi et pensait que ce serait idem pour moi ! Elle flippait de me voir trainasser à la maison alors que j'avais des contractions régulières toutes les 3/4 minutes mais tout à fait supportables...
On arrive là bas après avoir appelé et là on nous annonce que toutes les salles de naissance sont prises (7 salles) et deux autres femmes arrivent pratiquement en même temps que nous...
Au bout d'une demie heure d'attente mon chéri me propose de monter attendre chez mes parents (pas assez de places assises pour les mamans et les papas) qui habitent de l'autre côté de la rue.
Ca tombe bien une des nanas arrivée après nous fait de la comédie à 100% histoire d'être prise en charge avant les autres (elle parle normalement avec son mari et dès qu'elle aperçoit le nez d'une SF elle se met à souffler comme un boeuf en poussant de petits cris) et ça commence à me taper sur les nerfs !!
On y va, on mange un peu (j'ai trop faim tant pis!) et on attend... vers 21h Karim me propose de retourner là bas mais je n'en ai pas envie, j'ai envie de gérer à la maison, je sens que j'ai un peu de temps devant moi !
On rentre à la maison, on se couche tôt et je m'endors facilement pour une fois. Je me lève vers 3h45, je marche un peu jusqu'à la cuisine pour voir l'heure, je me sens bien, je n'ai pas mal.
Je me recouche et là oups ça coule ! Je me lève vite et je fonce aux toilettes histoire d'épargner le matelas
Ca couuuuuuule !!
Je sais que j'ai rompu la poche des eaux parce que ça m'est déjà arrivé.
"Chéri" je chantonne "j'ai perdu les eaux". Ni une ni deux mon homme se lève, je prends une douche tranquillou, je sais que je vais bientôt voir mon petit bibou d'amour je suis zen zen zen !
J'appelle la clinique, je préviens que j'ai rompu, qu'on arrive.
Arrivé là bas toutes les salles sont encore pleines sauf une, celle qui sert un peu de "range matériel" et de salle de "secours" comme là quand il y a du monde... le problème... c'est celle où j'étais l'année dernière et je ne veux pas rester là. La SF arrive, m'examine, prise de sang, prélèvement, vérifie qu'effectivement j'ai bien rompu, elle sent déjà la tête de bébé, je suis dilatée à trois. Au début, elle a un doute donc elle me fait le fameux coup du coton tige qui devient bleu si la poche est percée. Elle nous dit « je croyais sentir la poche parce que j’ai touché quelque chose de tout lisse mais en fait c’est la tête de votre bébé il ne doit pas avoir de cheveux ». On se regarde avec Karim, on rigole, tant pis pour les cheveux !
Ca y est on y est !!! Dernière ligne droite !
Après le monitoring, la SF revient, me dit que Noah va parfaitement bien, que j'ai effectivement des contractions mais que je peux me rhabiller si je veux, marcher et même manger une viennoiserie si je veux. Elle m'explique que si dans 12 heures je n'ai pas accouchée, on me mettra des antibios dans la perf et qu'elle attend une heure correcte ppur prévenir mon gygy.
On part donc marcher un peu avec mon mari (je ne veux pas rester dans cette salle, j'ai expliqué mon problème à la SF, elle me dit qu'elle est désolée et que dès que possible elle fera un échange avec une maman qui a déjà accouchée), il est 5h30 du matin, on prend l'air tout frais dehors, ça fait du bien. Je gère mieux les contractions comme ça qu'allongée, je n'aime pas être sur le dos en règle général mais là avec ce gros bidon, c'est l'horreur !!
7h00 arrive, direction la boulangerie miam un pain au chocolat !!
J'appelle mes parents, mon père veut absolument descendre nous voir donc on l'attend dehors.
Finalement on rentre dans la mater, l'accueil est vide, il n'y a personne à cette heure ci. A 8h00, l'équipe de SF change. Une infirmière monte me chercher et me dit que si j'ai rompu la poche je suis pas sensée me balader comme ça !
On redescend et Nam, une SF que j'ai vu la semaine d'avant, très douce, m'installe dans la plus belle salle de naissance qu'on connait bien aussi :o
Elle me remet un monito, regarde si mon col a bougé (oui il est à 4) et me dit qu'elle va prévenir l'anesthésiste. Elle me pose une perf, la puér arrive pour préparer les affaires de notre Noah. On rigole avec elle, atmosphère détendue !
Tout d'un coup j'ai des contractions hyper fortes et trèèèès douloureuses. Je respire comme appris dans les cours, je pense à mon bébé qui fait son chemin, je prends sur moi mais contrairement à ce qu'on dit partout je n'ai pas de répit entre chaque contractions, j'ai mal en permanence.
Mon chéri me soutient à fond, il en fait juste ce qu'il faut, il est attentionné et son visage me dit qu'il vit un moment très important.
L'anesthésiste tarde, puré j'ai mal !!
Mon gygy arrive et me dit "coucou julie ohoh c'est douloureux là".
Je demande à karim ce que fait ce p..... d'anesthésiste j'ai trop mal !
Ah ben oui bingo la SF revient et me dit que je suis presque à 7 ! En moins d'une demi heure !
Mon sauveur arrive, je ne sais pas encore ce qu'il m'attend...
Il m'explique ce qu'il va faire, je n'ai pas peur j'ai déjà eu une rachis anesthésie, c'est à peu près les mêmes conditions.
Mon homme m'aide à arrondir le dos, l'anesthésiste pique pour endormir et pique pour la péri. Là je suis pétrifiée de douleur, une décharge électrique terrible. Il arrête. Recommence. Idem. Recommence. Idem. C'est horriblement douloureux, plus les contractions, je n'ai plus de souffle.
Il me dit que ça va être très dur car j'ai un gros oedème dans le dos et une cambruse assez prononcée, il a 1mm pour passer l'aiguille et n'y arrive pas.
Je lui demande si ça lui ai déjà arrivé de ne pas y arriver justement et il me dit "une fois en 98". Je me dis intérieurement qu'avec ma chance la 2ème fois sera pour moi.
On recommence, je prends sur moi, tout ce que je peux mais l'anesthésiste flippe car il me fait très très mal. Karim commence à se sentir mal aussi devant l'intensité de ma douleur. L'anesthésiste lui demande de sortir. Il me met sur le côté et réeessaie encore. C'est trop dur, j'ai trop mal. Ca fait presque une heure qu'il essaie. Il me redit plusieurs fois que ça va être très dur, que ça marge de manoeuvre et trop faible, il craint la brêche. Je lui dit de laisser tomber, je souffre trop.
Il me dit on essaie une dernière fois et si ça ne marche pas j'arrête.
Je prends tout le courage qu'il me reste, je résiste autant que possible, je fais le dos aussi rond que je peux malgré ce ventre qui me gène.
Il arrive à mettre l'aiguille, il me dit de ne surtout pas bouger, qu'il va maintenant tenter de mettre le cathéter.
Et ça marche au prix d'un effort incroyable pour résister.
Il me félicite, me dit qu'il n'avait jamais vu quelqu'un se maîtriser à ce point, qu'il sait combien j'ai dû avoir mal. Il me dit que j'ai été merveilleuse et parfaite, j'en pleure de soulagement après tous ces efforts.
Ca met bien 20 mn à agir mais ensuite c'est vraiment bien. Karim est rassuré de voir que je ne souffre plus, il se détend. J'ai envie de dormir. On se repose un peu (il y a un lit accompagnant), on discute, on écoute le petit coeur de Noah.
La SF revient je suis à 8 mais bébé ne descend pas, elle me met dans une position plus assise, les jambes écartées pour aider bébé à descendre.
Et puis là elle me dit qu'elle va mettre quelque chose dans la perf pour l'aider et qu'on va voir s'il supporte.
Tout d'un coup, en quelques secondes, le coeur de bébé passe de 150p/mn à 40. C'est effrayant. Son coeur bat si lentement, que se passe t-il ??
J'ai très peur, tellement peur, j'ai peur qu'il ne tienne pas le choc, la SF à vraiment l'air inquiète, elle va chercher mon gygy.
Karim essaie de me rassurer, je tremble comme un feuille, je n'arrive pas à me calmer.
Mon gynéco arrive, il regarde, à l’air inquiet lui qui est toujours serein et détendu… il dit à la SF de me mettre en position gynécologique, il met ses doigts dans mon vagin et me dit de pousser fort dessus (heureusement la péri ne fait pas beaucoup d’effet donc je sens bien les poussées). Il me dit que c’est super et me demande de faire ça à chaque contraction.
Je me concentre autant que possible, Karim essaie de calmer mes tremblements, il à l’air hyper inquiet. Je pousse, je pousse, je pense à mon petit ange qui est coincé et que je dois aider à venir.
J’ai tellement peur, j’y mets toutes mes forces et même plus, chaque poussée m’épuise, je pousse aussi longtemps que mon apnée me le permet (heureusement je suis une plongeuse et une grande nageuse, j’ai beaucoup de souffle).
La SF m’ausculte à nouveau, on y est presque, elle me dit de m’agripper aux poignées des étriers et de pousser aussi fort que possible à chaque contraction, elle n’attend plus mon gynéco… je m’en fous, je veux que mon bébé aille bien, je veux le sentir contre moi, entendre sa voix, sentir son petit corps chaud sous mes mains. Elle me dit « il est treize heures, je veux qu’il soit là à 13 heures 10 ». Je pousse, je pousse.
« On voit la tête ! » crie t-elle presque. « Monsieur venez voir la tête ! ». Karim se penche, il sourit. Il me regarde et me dit « apparemment il a des cheveux ! » avec un grand sourire.
La SF me dit « touchez le, touchez sa tête ». C’est fabuleux, je le sens, il est juste là, mon cœur, mon miracle tant attendu.
Ca me donne une force encore plus incroyable.
Je m’agrippe comme une furie aux poignées, je pense « pousse avec le ventre, pas avec le périnée, fais ton ventre tout dur ». Finalement les cours m’ont bien servi, je n’ai pas peur, je sais comment faire pour être efficace et préserver mon périnée.
Mon gynéco arrive, il m’encourage, « pousse Julie, c’est super vas y » !
La SF demande à Karim d’appuyer sur mon ventre pour aider Noah à finir sa traversée, c’est un beau cadeau qu’elle lui fait, il aide aussi son fils à naître, c’est un chemin que l’on fait à deux dans cette rencontre avec Noah, notre enfant, notre amour.
Le gynéco me dit « j’ai encore besoin de toi juste pour les épaules ». Je pousse une fois et il me pose Noah sur le ventre en me disant « tiens Julie voilà ton fils ! ».
Il est si beau, si doux, je le connais, c’est mon enfant, cet enfant que j’ai bercé dans mon ventre, dans mon corps, pendant tous ces mois, cet enfant que je porte en moi, dans mon cœur, depuis tellement de temps. Cette attente, cette souffrance passée, la douleur, tout s’efface. Mon dieu qu’il est doux.
Le pédiatre l’emmène et dit « allez papa vous venez avec nous ».
Bien joué, ça permet au gygy de sortir le placenta, de me suturer deux petites éraflures, à l’infirmière de me nettoyer et de me réinstaller confortablement avant son retour.
Le temps me semble long, l’horloge m’indique que cela fait bien trois quarts d’heure qu’ils sont partis.
Je commence à flipper quand Karim rentre dans la salle. Il me dit que Noah va bien mais qu’il a de la fièvre et aussi la tête un peu déformée. Il me dit que le pédiatre dit que cela va se remettre, ça ne m’inquiète pas parce que j’ai déjà entendu parler de la tête en « pain de sucre ». Mais la fièvre, par contre, je ne comprends pas d’où ça vient… Il m’explique qu’on lui a fait une prise de sang et qu’on lui a posé un cathéter pour lui donner des antibiotiques et faire d’autres examens au cas où…
Je dis à Karim d’aller appeler mes parents pour les prévenir et entre temps le pédiatre vient me voir. Il me dit « il a fait de la bradycardie, il a de la fièvre, il a fait une détresse à la naissance mais ça va ». J’ai l’impression que je vais m’effondrer, je voudrais courir le voir mais je suis paralysée par cette satanée péridurale qui fait effet trop tard !
Finalement, Karim revient avec notre merveille, il est si beau, si paisible, la sérénité incarnée, il porte son prénom comme un rêve (Noah veut dire sérénité en hébreu). Karim le prend dans ses bras et je vois tout l’amour qu’il a déjà pour lui, ses mains si grandes, ce grand gaillard d’1m92 et de 95 kilos qui porte si délicatement notre enfant, sa tendresse, tout ça me submerge d’émotion.
Il me propose de le poser sur moi et là, enfin, j’ai mon tout petit contre mon corps, je peux l’admirer encore et encore, ses petits doigts si bien dessinés, son visage, sa bouche si parfaite et si semblable à celle de son père mais en si petit, son minuscule nez, ses cheveux si doux…
Je suis un peu inquiète par cette fièvre et ce cathéter qu’il a sur la main mais comblée.
Enfin, on me remonte dans ma chambre avec mon ange dans son petit berceau et je me vois faire le chemin que toutes ces mères ont fait avant moi dans cette clinique et que j’enviais tant. Enfin moi aussi je fais ce chemin avec mon bébé, contrairement à l’année précédente… Je suis si fière, qu’il est beau !
Voilà pour le récit de l’accouchement… lorsque j’aurai le temps je vous raconterai les jours suivants, l’opération, etc…
Mille bisous à toutes !