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| Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 | |
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Auteur | Message |
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Esther1 Invité
| Sujet: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 2:25 | |
| Oui c'est long... mais tellement magique. Je viens de me replonger dans les mots, les souvenirs de ces heures merveilleuses. Il y a un an...
Jeudi 23 décembre 2004. Réveil matinal : très rare dans la famille poulet-poulette-loup pas encore vraiment famille d’ailleurs et plus seulement couple non plus. Nous avons rendez vous chez la gyné ce matin, je sais que je suis debout trop tôt mais je veux aller chercher les valises dans la chambre de Darius, tout préparé, « on ne sait jamais ». La poulette n’a jamais eu de contractions, la poulette n’a jamais accouché elle ne sait pas si ces contractions sont les bonnes, elle ne sait pas ce que madame-qui-aide-les-mamans-à-faire-sortir-les-bébés va leur annoncer. Encore quelques minutes de repos pour Fabrice qui aura besoin de toutes ses forces pour les grand s moments qui se préparent.
Je suis la seule éveillée dans la maison, quoi que Zillah avec son sixième sens de chat doit sentir ce qui se prépare aussi. Ca fait du bien d’écouter le silence de notre maison en sachant que bientôt ce silence complet n’existera plus, il y aura toujours le souffle magique d’un petit loup. Les valises sont sur le palier, je suis quand même raisonnable et attends que Fabrice soit réveillé pour les descendre.
Je le réveille doucement, lui annonce que les contractions n’ont pas cessé pendant la nuit, qu’elles sont un peu plus régulières mais toujours pas très douloureuses, que j’ai passé une nuit magique… et que je l’aime, que je LES aime !
Un bon bain pour tous les deux, enfin pour tous les trois, Darius n’a pas encore le choix, si je décide de prendre un bain il plonge dedans en même temps que mon bidou et moi. Je refais mes tresses, contente d’avoir un homme si chouette d’avoir accepté de me reteindre et recouper les cheveux quelques jours auparavant parce que je veux être la plus belle pour mon loup.
On parle peu en fait, on se regarde beaucoup, on savoure, on a pas besoin de mot.
On embarque les valises dans la voiture, mon cœur bat très fort !
Malgré mon réveil matinal je donne un petit coup de fil à la gyné pour lui dire qu’on aura quelques minutes de retard, on avait pas prévu les embouteillages. Qui pourrait prévoir des embouteillages par une journée aussi belle et unique d’ailleurs ?
On arrive, je me dis que c’est sans doute la dernière fois que je m’assieds avec mon gros bidou dans le canapé rouge de la salle d’attente. C’est notre tour. Elle grimpe les escaliers 4 à 4 comme à son habitude, moi je prends mon temps, je ne veux pas être essoufflée pour lui annoncer que les contractions sont enfin là. Hop sur la table d’examen. Les maux de ventre sont bien des contractions, le col commence à se modifier. Enfin ! Il n’avait pas bougé d’un chouillas pendant toute ma grossesse. Ouverture à 1 ou 2. Selon elle ça prendra encore du temps, cela ne veut pas spécialement dire que Darius pointera le bout de son nez rapidement. Le hic c’est que mon poulet doit reprendre le boulot le lundi et qu’aucun de nous deux n’a envie qu’il retrouve cet univers stressant et qu’il soit loin quand la petite crotte décidera de sortir de sa bulle. On veut encore rester tous les deux, tout le temps, pour tout vivre ensemble. On décide donc que si la canaille n’est pas là après le week-end on fera une induction. On prend le rendez vous à la Citadelle. C’est étrange de prendre rendez vous pour une naissance. Mais ça me fait sourire, je sais qu’il sera là au plus tard le mardi 28 décembre. Mais je rassure tout le monde en disant que je sais qu’il sera là avant, qu’on aura pas besoin de médicament ou de je-ne-sais-quoi pour le faire sortir. Il a envie de voir à quoi ressemble son papa-poulet et sa maman-poulette notre Msieur Darius.
La grande et lourde porte du planning familial se referme, l’air frais fait rougir mes joues, l’idée que notre petit monstre-loup sera bientôt là aussi. Que c’est bon ! On grimpe dans la voiture en se demandant si on doit prévenir nos famille, la marraine impatiente. Après chaque rendez-vous j’envoyais au moins un petit message pour donner les dernières nouvelles. On a envie de garder la surprise… mais envie de partager notre bonheur, notre impatience aussi. Plus le temps d’en discuter le téléphone biiiip biiiiiip, c’est ma maman, elle me demande comment cela s’est passé. Elle avait retenu l’heure du rendez vous, elle est au boulot, elle s’impatiente de rencontrer son petit-fils. Tant pis pour les surprises-cachoteries je la rappelle.
Je lui donne les détails, les contractions, l’ouverture du col, le rendez vous pris pour l’induction le 28 décembre… mais je ne lui dis pas que je sais au fond de moi que les contractions sont les « vraies », celles qui veulent dire qu’il sera bientôt là notre Darius. Je fais semblant de rien mais je sais que je ne serai pas avec eux, ni pour le réveillon de Noël, ni pour le jour de Noël.
Avec le recul je sais que si j’ai accepté un rendez-vous pour une naissance induite c’est parce que ça n’a aucune importance, le 28 je sais que j’aurai mon ptit loup dans les bras. Je sais qu’il est en train de préparer le chemin qui le mènera à nous. |
| | | Esther1 Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 2:26 | |
| On rentre à la maison. On se repose tous les deux. C’est bon, que c’est bon ! Les contractions sont de plus en plus régulières, de plus en plus douloureuses même si c’est encore très supportable. Le temps passe bizarrement, ni lentement, ni rapidement. Le papa-poulet regarde Matrix, il s’est offert le coffret spécial quelques jours avant… et m’a rapporté une très belle bague de future maman-poulette !
Comme les contractions sont de plus en plus rapprochées on se dit qu’on partira sans doute pour la maternité ce jour là, on décide donc d’aller chercher la reconnaissance anticipée de paternité à la cité administrative. Dur dur de trouver une place pour se garer en plein centre ville un jour avant le réveillon de Noël. On trouve sans être vraiment sur qu’on puisse stationner là, je reste donc dans la voiture, le papa-poulet-méga-attentioné n’a pas trop envie que sa poulette et donc par la même occasion son mini loup patientent dans un endroit pas super agréable. Il me dit qu’il y va vite. J’attends dans la voiture, je trouve « ma » cassette, celle que mon homme m’a faite avec des morceaux que j’adore. J’écoute Hole, Christian Death, Bauhaus, je chante, je regarde les gens s’agiter, remplir leurs voitures des cadeaux qu’ils viennent d’aller chercher et qu’ils déposeront sous le sapin le lendemain, je regarde autour de moi, j’essaie de graver chaque détail dans ma mémoire parce que je sais que je suis en train de vivre des instants tellement importants. Je regarde les vieux immeubles aux architectures qui m’ont toujours fait rêver. Je ne sais pas si j’aime ce que je vois parce que cela me plait réellement ou parce que je sais les moments présents mémorables. Je compte aussi, je regarde les chiffres des minutes changer sur l’horloge de la voiture. Les contractions sont espacées de 17, 15, 13, 12 minutes, ça varie mais je sens qu’elles s’intensifient rapidement. Mon amoureux revient avec ce bout de papier qui le reconnaît officiellement comme père de la crevette-plus-si-crevette-à-quelques-heures-de-sa-naissance ayant élu domicile dans mon ventre… Comme si on avait besoin d’un bout de papier pour le savoir, bref ce fut long, la dame ne le retrouvait plus ce fichu bout de papier, Fabrice ne se souvenait plus de la date exacte où nous étions venus faire ce bout de papier mais finalement il l’avait et il était de retour auprès de moi et de mon gros ventre. Je lui explique que les contractions sont beaucoup plus rapprochées, on se dit qu’il est peut-être temps d’aller à la maternité. Direction la Citadelle avec les valises qui n’avaient pas quitté le coffre de la voiture depuis ce matin, mais je ne suis pas sure, je ne sais pas, c’est une grande première pour moi mais j’imaginais ces fameuses contractions plus douloureuses, un petit coup de fil à la gyné (je peux bien la déranger un petit peu, je ne l’ai jamais fait les mois précédents). Je lui explique la situation, elle me dit que si c’est encore supportable on peut rentrer à la maison et se reposer encore un petit peu.
Demi tour, direction maison du papa-poulet, de la maman-poulette et du bientôt-là-mini-loup.
On se dit qu’on va attendre le début de soirée pour y aller. On compte les minutes entre les contractions, on est impatients mais très calmes et sereins. Finalement on se décide à y aller vers 19 heures. C’est étrange, ça ne ressemble pas à l’effervescence de mon imaginaire. Je ne hurle pas de douleur, je ne suis pas morte de trouille. Mes mains ne quittent plus mon gros ventre, la fine parois qui sépare/protège Darius du monde extérieur. On profite tous les deux, tous les trois, on est tellement bien. Avant de partir on attrape l’appareil photo et on fait des photos de nos mains posées sur la bulle si douce de monsieur-gros-loup.
Retour dans la voiture, on en fait des trajets aujourd’hui.
Ah mais on a pas mangé, pas eu le courage de préparer quelque chose à la maison, pas la tête à ça non plus. Pas envie de matériel, juste envie de penser à la magie de l’instant. Finalement en magiciens spirituels on se décide pour un sachet de frites. C’est pas très poétique mais au moins ça fera rire notre Darius quand on lui racontera. Je picore, pas vraiment faim et puis je me doute que ce n’est pas un excellent repas d’avant accouchement. Nous sommes dans la voiture, dans une allée devant l’hôpital. La nuit est magnifique. Le ciel est d’une couleur indéfinissable entre le bleu, le violet et le rose. C’est déjà la nuit car nous sommes au cœur de l’hiver. On tente une photo des cieux qui verront naître notre amour.
Mon cœur bat la chamade, on y est, on va rentrer dans la maternité, je vais vivre mon accouchement, notre accouchement, on va découvrir la frimousse de notre petit garçon.
On n’hésite, est-ce qu’il faut prendre toutes les valises, peur d’avoir l’air cruche… On prend l’essentiel, c’est déjà beaucoup quand on s’appelle Esther.
Mais ! Mais ? Qu’est ce qu’on doit dire, jamais pensé à ça. J’ai imaginé tous les scénarios et pourtant je n’ai jamais réfléchi à ce que je dirais en arrivant à l’accueil des urgences. Finalement on marche lentement dans la nuit froide jusqu’aux urgences. J’arrive devant la dame à l’accueil et ça sort tout seul : « Bonsoir madame, je pense que je vais accoucher » Ca fait rire tout le monde quand je le raconte et pourtant c’était la seule chose que je pouvais dire.
On nous conduit à l’étage de la maternité. Je marche très très lentement. Un gros bidou, des maux de dos et des contractions ce n’est pas le cocktail idéal pour entamer un jogging. Je regarde partout, j’essaie de ne perdre aucune miette de ce que je vois, ce que je ressens, je sais que je voudrai l’écrire, le raconter à Darius quand il sera là ; j’espère qu’il sera aussi friand que moi de l’histoire de sa naissance. Ca y est je suis perdue, enfin mon poulet est là, un brancardier nous guide mais mon sens de l’orientation a foutu le camp et je ne sais déjà plus d’où on vient ni par où on est passé. Je me laisse guidée jusqu’à la porte du couloir du quartier d’accouchement. On pousse la porte, verte je crois. On attend derrière un comptoir, des femmes papotent. Elles ne font pas attention à nous, à nos bagages… Ca ne ressemble décidément pas aux accouchements tels que je les imaginais. Au bout de quelques instants elles nous regardent et je ressors mon : « je crois que je vais accoucher », mais contrairement au sourire de la gentille dame des urgences j’ai droit à un « et qu’est ce qui vous fait dire ça ? » Aaaaargh je ne m’attendais pas à ce que ça révolutionne leur vie que je sois sur le point d’accoucher, mais je m’attendais quand même à plus de… je ne sais pas, d’humanité, de compréhension, de douceur, ou simplement de politesse. Très calmement, alors qu’à ce moment les contractions sont devenues franchement douloureuses, je les regarde, je parle bien fort, je sais que d’habitude on ne me comprend pas avec ma petite voix « Et bien ma DPA est le 25 décembre, nous sommes le soir du 23, j’ai des contractions depuis presque 24 heures, rendez vous chez la gyné ce matin, col ouvert à 1 ou 2, là les contractions sont franchement douloureuses, elles sont espacées de 5 à 10 minutes, de plus en plus rapprochées, longues, intenses et douloureuses » J’avoue avoir essayer de faire passer un peu d’ironie dans mon résumé très complet pour détendre l’atmosphère, mais on a juste eu droit à « attendez là » Nous voilà dans une petite pièce assez glauque avec peu de lumière, à attendre, avec nos bagages. On se regarde, on échange quelques mots. Ce n’était vraiment pas à ça qu’on s’attendait. Pas qu’on se soit fait de grands films, depuis le début on savait qu’un premier accouchement est une expérience unique, quasi indescriptible et qui réserve plein de surprises. On avait pas vraiment de scénario idéal… n’empêche que cette pièce, ces gens, cette lumière, ces odeurs, cette ambiance ne nous plaisent pas. Déjà en temps normal on aurait trouvé ça glauque… mais alors pour ce jour, cette nuit qui devait être si magique et si belle… Pffffh, on sait qu’on est là tous les deux, bientôt tous les trois et qu’on a la capacité de s’extraire d’environnements trop désagréables. Si ça ne va vraiment pas, on plongera chacun dans le regard de l’autre en essayant de faire abstraction de tous ces détails désagréables. Quelqu’un arrive, un homme plutôt jeune, froid, distant, semblant tellement étranger au fait que nous sommes en train de vivre la fantastique expérience qui fera de nous des parents. Il me dit de me déshabiller, il m’examine, je suis mal à l’aise. Le col est à Il me pose la ceinture avec les capteurs pour un monitoring d’une demi heure. Je me sens à l’étroit dans cette ceinture qui me sert trop, elle rend les contractions plus douloureuses. Je suis mal mise mais je ne peux pas bouger. Il sort de la pièce. Fabrice me tient la main, me rassure, mon homme est là et je plonge dans ses yeux pour trouver un endroit beau et calme. Notre loup gigote beaucoup, je le sens d’un côté puis de l’autre, il fait sans doute ses adieux à sa bulle. Les capteurs perdent le rythme de son petit cœur tellement il bouge, son papa-poulet arrive à le retrouver et à replacer les capteurs, revoilà les tocs tocs réguliers de son cœur qui bat merveilleusement.
La demi heure passe, on vient m’annoncer que ça ne bouge pas beaucoup. Le col n’a pas changé, c’est sans doute un faux travail. Oui mais j’ai mal moi, je sais que ce n’est pas un faux travail. Le doc-pas-sympa me propose donc de me faire une injection de je-ne-sais-plus-quoi et d’aller marcher une heure. Si à notre retour le col n’a pas bougé c’est que c’est vraiment un faux travail. On accepte. Pas envie de rester dans l’ambiance surchauffée de l’hôpital. On redescend pour respirer le bon air glacé de la nuit. Cela nous prend beaucoup de temps parce que je fais de tout petits pas, les contractions se rapprochent de plus en plus. Nous allons dans la voiture, écoutons de la musique, je bois beaucoup d’eau, je mange une gaufre. L’heure tourne. Moins de 5 minutes entre chaque contraction. On décide de remonter. Je sais que ce n’est pas un faux travail. J’aimerais qu’on m’écoute, qu’on m’aide. De retour dans la petite salle d’examen du quartier d’accouchement. Nouvel examen du col qui n’a pas bougé et un beau « C’est ce que je disais madame c’est un faux travail, vous pouvez rentrer chez vous, ce ne sera pas pour tout de suite, il faudra encore attendre, sans doute quelques jours avant de voir votre bébé ! » Entre temps, le fait d’arpenter tous les couloirs pour remonter, il n’y avait plus qu’une ou deux minutes, trois maximum entre deux contractions. Je panique un peu. « Oui mais quand est ce que je sais que je dois revenir moi ? Les contractions sont très douloureuses, il y a moins de 5 minutes entre chacune… » Jeune doc vraiment pas sympa et qui semble se foutre de ma gueule en plus : « Quand elles seront vraiment douloureuses madame ! » Il a eu beaucoup de chance, énormément de chance que cela soit mon premier accouchement, que je sois un peu déstabilisée, que j’ai mal, que je me sente perdue car aujourd’hui, forte de l’expérience de la naissance de Darius jamais plus je ne me laisserai dire de telles choses, de plus par un homme, jeune, qui me prend de haut alors qu’il ne connaîtra jamais cette douleur, ces sensations ! Devant l’air perplexe et peu rassuré du couple poulet-poulette il m’a conseillé de prendre des bains chauds qui allaient faire « disparaître » la douleur, arrêter les contractions qui n’en étaient pas des « vraies ». |
| | | Esther1 Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 2:29 | |
| Marcher à nouveau dans les couloirs silencieux de l’hôpital endormi, au ralenti, plus que jamais, soutenue pas le plus merveilleux des hommes qui lui non plus ne connaîtra jamais cette douleur mais qui sait lire dans les yeux de son aimée, qui n’a pas besoin de mot ou de gémissement pour savoir qu’elles sont réelles ces contractions. Je souffle, je respire déjà comme je sais que je devrai le faire lorsque j’aiderai mon loup tant aimé à sortir de sa bulle.
Retour dans la voiture, encore une fois, direction la maison, encore une fois. Mais très lentement cette fois-ci car chaque imperfection de la route rend les contractions plus intenses et douloureuses.
J’ai froid, j’ai chaud, j’ai besoin d’être chez nous, dans un univers connu et rassurant, vivre encore quelques moments avec mon poulet, avec mon loup, loin de ceux qui ne comprennent pas que je n’ai pas besoin d’attendre qu’il soit sorti de mon ventre pour être maman et savoir ce qui se passe dans mon corps. Je suis maman, je connais les moindres courbes du corps de mon amour de loup, je connais ses mouvements, je connais mon propre corps de maman enceinte, je sais qu’il est en train de se préparer, je sais que mon petit homme se prépare lui aussi à sortir.
J’ai besoin de tout le réconfort que je peux avoir, j’ai besoin de l’amour de ma vie, de mes mains posées sur mon ventre, de mes murs, du moelleux de notre canapé, de nos odeurs, de nos couleurs. J’ai aussi besoin de parler à celle qui me comprend toujours. Celle qui n’est pas encore mère mais déjà marraine de mon tendre loup. Je l’appelle en pleine nuit, je sais que je ne la réveillerai pas, je sais qu’elle ne m’en voudra pas de ne pas attendre que Darius soit là, je sais qu’elle ne sera pas effrayée par mes silences quand les contractions arriveront et seront trop douloureuses pour parler. Je lui explique en quelques mots ce que nous sommes en train de vivre, je n’arrive pas à me concentrer sur ce qu’elle me dit, j’ai trop mal mais ça me fait du bien de l’entendre, de savoir qu’elle pensera à moi tout au long de cette nuit si importante !
Fabrice est là, toujours là, tellement là, je l’aime toujours plus, toujours. Il m’aide, je lis dans ses yeux le désarroi de ne pas pouvoir m’enlever cette douleur mais je ne lutte pas contre elle. Le voir, le sentir, serrer sa main chaude et rassurante dans la mienne m’aide. Sentir son regard aimant et protecteur sur moi m’aide à attendre et à gérer les vagues de douleur.
Il me propose de m’aider à descendre dans la salle de bain, il me fait couler un bon bain chaud et je m’y plonge. Cela fait tellement de bien. J’ai l’impression de pouvoir penser sereinement. La douleur est là mais elle ne m’aveugle plus. Elle est plus douce et plus chaude. Je suis dans l’eau comme mon loup, j’essaie de sentir ses mouvements avec mes mains posées sur mon ventre mais les contractions tendent trop mon utérus.
Je me calme, me repose, reprends des forces dans le bain. Fabrice chauffe des essuies pour moi, il m’enveloppe tendrement quand je sors du bain. Nous remontons dans le salon. Il dépose des essuies sur le radiateur et les pose sur mon ventre quand ils sont bien chaud. L’eau, la chaleur, les essuies et surtout l’extrême bienveillance de Fabrice me permettent de me détendre, de me détacher de ce passage à la maternité peu plaisant. Je reprends confiance en moi. Je ne lutte plus du tout contre la douleur, je sens les vagues arriver, s’intensifier et puis disparaître pour laisser la place à une autre.
Il devait être 22 heures quand nous avons quitté la maternité.
Je n’ai pas envie d’y retourner, je veux aider Darius à descendre naturellement, je veux pouvoir bouger sans être sanglée par la ceinture du monitoring. Je veux m’étendre, me lever, marcher quand j’en ai envie. Je veux me plonger dans l’eau aussi souvent que je le veux, quand j’ai besoin de souffler, de reprendre des forces.
Comme je n’ai plus aucun repère au niveau des minutes entre les contractions, je me fixe une heure avant laquelle je ne veux pas retourner à la maternité. Je n’y retournerai pas avant 4 ou 5 heures du matin.
Fabrice s’assoupit dans le canapé. Je marche, je descends dans la salle de bain pour prendre d’autres bains. Je me penche en avant j’écoute mon corps, j’écoute mon tout petit qui doit descendre pour venir nous retrouver. Je tente même une grande escapade. Je monte les escaliers jusqu’au premier étage pour aller chercher un bouquin dans notre chambre et savoir à quelle ouverture du col on peut avoir la péridurale.
J’avais lu que la position debout était une des plus adéquates à adopter pendant le travail mais je me souvenais qu’en lisant cela je m’étais dite que ce serait très peu pour moi. Je déteste rester debout, marcher était devenu assez pénible vers la fin de ma grossesse et naturellement sans y réfléchir quand les contractions sont devenues franchement douloureuses je me suis levée et j’ai marché.
Je me rassure en me disant que quand nous y retournerons ils pourront me soulager et cette pensée m’aide à gérer les contractions de plus en plus douloureuses et me laissant de moins en moins de répit.
J’ai l’impression de sentir Darius descendre, de sentir que les contractions agissent sur mon col entre deux vagues de douleur.
La douleur est déchirante mais je ne cesse de penser à mon tout petit, au voyage qu’il est en train de faire, au trajet qu’il doit parcourir pour arriver jusqu’à nous, pour découvrir la lumière du jour, les sons, les couleurs, les odeurs, les textures de notre monde. J’ai mal, très mal, mais ce n’est pas horrible comme je le croyais. C’est en même temps beaucoup plus douloureux que tout ce que j’avais pu imaginer et étonnamment plus facile à gérer car je sais que cette douleur a un sens.
Je me sens à l’apogée de tout ce que j’ai ressenti enceinte. Avant je pense que je ne me connaissais pas vraiment physiquement, et là irradiée par la douleur j’ai l’impression de comprendre chacune de ces sensations.
De temps en temps je réveille Fabrice, il me tend sa main que je serre de toutes mes forces.
Vers 4 heures je le réveille en lui disant que je sens que cette fois il est temps d’y retourner.
Le trajet en voiture est long et pénible, j’ai mal, très mal, je déteste être assise, je penche le siège pour être le plus couchée possible mais je voudrais être debout et marcher. Fabrice n’a pas besoin de mot il lit tout dans ma respiration, dans mes regards, dans mes gestes, il s’arrête quand il le faut, redémarre quand les contractions me laissent quelques courts instants de répit.
Je suis incapable de faire tout le chemin du parking aux urgences à pied donc il me dépose devant l’entrée et va garer la voiture. Manque de bol le parking des urgences est fermé, il doit aller plus loin et je le vois revenir en courant, il voulait être le plus vite possible près de moi. Je suis toujours dehors, l’air frais de la nuit me fait du bien.
Nous rentrons et encore une fois le long chemin dans les couloirs tortueux de l’hôpital.
Pour notre plus grand bonheur pour notre deuxième arrivée dans le quartier accouchement l’équipe a changé. Nous sommes accueillis par des gens souriants, rassurants, qui ne nous font pas attendre. Ils m’examinent de suite, ne s’étonnent pas que je ne puisse pas répondre à leurs questions quand les contractions arrivent, écoutent Fabrice et comprennent qu’il sait lire en moi. Nous avons quand même encore droit à un monitoring mais beaucoup moins long cette fois-ci. Et à la place du sarcasme et de la froideur désagréable du précédent médecin nous avons droit aux sourires, à la douceur d’une équipe qui semble enfin se rendre compte que NOUS vivons des moments merveilleux, même si EUX ont déjà été témoins de nombreuses naissances. L’infirmier accoucheur se présente, il a un humour au second degré jamais déplacé, il nous dit que nous ne devrons plus attendre très longtemps avant de serrer bébé-loup contre nos cœurs. (Enfin il utilise d’autres mots mais mon cœur de maman a retenu ceux là !) Il me dit qu’on va me préparer en vitesse et puis direction la salle d’accouchement. Un grand ouf de soulagement, un grand sourire malgré les contractions, car j’avais raison, il n’y a jamais eu de « faux travail », je ne m’étais pas trompée. Il me pose les questions pour remplir le dossier mais le papa-amoureux-poulet consciencieux y répond car je n’y arrive pas. Gérer les contractions, l’inconfort d’un énorme bidou archi tendu, respirer et parler c’est trop pour moi, je laisse tomber la dernière chose et mon homme s’en charge très bien pour moi. Cette fois personne ne semble trouver cela étrange, cet homme qui est là à côté de sa compagne l’aime, l’aide, il est aussi un papa en devenir et cette aventure est autant la sienne que celle de la « femme enceinte primipare » qui se prépare à accoucher. Tout va très vite, je retrouve les pincements au cœur qui me font réaliser que « ça y est !» et que c’est bon, c’est maintenant !
La maman-poulette n’ayant pas perdu une miette de ses bouquins pour futures mamans, même chamboulée par les contractions très très douloureuses, par la naissance qui se prépare n’a pas oublié l’état d’avancement du col nécessaire pour la péridurale. Et à 6 elle y est ! « Ah je vais avoir droit à la péridurale alors ! Je la veuuuuuux ! » « Pas de problème madame, l’anesthésiste arrive, elle est occupée mais elle sera très vite là et nous rejoint en salle d’accouchement »
Je me déshabille, enfile cette drôle de blouse d’hôpital. Quelques détails propres à un accouchement mais tout va très vite, tout est fait avec pudeur, respect, dignité et professionnalisme. |
| | | Esther1 Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 2:29 | |
| J’ai tout géré, j’ai pesté contre ces foutues contractions, je leur parlais à elles aussi dans ma tête. Je leur disais que j’avais compris leur utilité jusque là mais que ce n’était pas juste de faire ça à mon tendre mini loup.
L’infirmier vérifiait très souvent l’ouverture du col et puis l’avancée de Darius et quand il nous a annoncé qu’on voyait sa tête je n’en revenais pas. Il a dit à Fabrice de venir voir, je ne voulais pas mais en papa-impatient il ne m’a même pas entendue. Je le voyais si fier, si fort, si aidant et aimant. Je n’étais pas la seule à accoucher, il accouchait avec moi de notre enfant !
Quand j’ai pu pousser cela fut un soulagement. Je pensais qu’il me suffirait de pousser 3 fois pour qu’il soit là mais j’étais fatiguée et mes poussées n’étaient pas assez efficaces. Je demandais comme une petite fille « encore pousser combien de fois ? » et on me répondait que je faisais ça comme une chef et qu’il serait bientôt là. Moi qui pensais qui me serait impossible de crier, je criais, pas comme une folle mais je sortais la douleur maintenant aiguë et j’avais tellement soif. On me refusait un verre d’eau, avec le recul j’ai compris que c’était parce qu’ils craignaient de devoir pratiquer une césarienne d’urgence à cause de la souffrance de Darius. Quand on m’a tendu un gant de toilette humide pour m’humecter la bouche je l’ai tété comme une louve assoiffée. Toutes mes craintes par rapport à la pudeur, aux cris, à la gêne s’envolaient, je parlais, je criais, je gémissais, j’étais moi-même, je disais absolument tout ce que je pensais et je savais que cela me ressemblait, que c’était vraiment moi. Même perdue dans la douleur j’avais l’impression de garder un certain humour, un certain décalage, je remarquais des petits détails insignifiants mais qui resteraient à jamais gravé dans ma mémoire, parce que je vivais des moments absolument uniques et que je ne devais rien perdre de cette expérience, de cette révolution dans ma vie, dans notre vie.
Entre temps la gyné était arrivée, toute fraîche, maquillée et coiffée comme si elle ne dormait jamais, comme si à toute heure du jour et de la nuit elle pétait la forme. Elle m’encourageait elle aussi. Une autre gyné du service est passée me féliciter et me dire que c’était fou ; qu’elle avait appris qu’une femme était en train d’accoucher dans des circonstances un peu particulières, sans péridurale et qu’elle n’arrivait pas à y croire tellement j’étais calme et tellement je semblais géré la situation parfaitement. J’avais pourtant l’impression de ne pas être efficace, d’être ridicule car je disais tout ce qui me passait par la tête, je n’avais plus aucune retenue et ses mots, ses encouragements me faisaient tellement de bien. Je me sentais si courageuse dans leurs yeux et ça comptait car je voyais que j’étais déjà une mère pour eux, qu’ils avaient compris que je n’avais pas besoin d’avoir un bébé tout propre, habillé et rose dans les bras pour être maman, cela faisait 9 mois que je le connaissais ce petit sot et le lien qui nous unissait me donnait toutes les forces du monde. J’entendais toujours les bruits du cœur de Darius qui étaient irréguliers et quand j’ai vu qu’on apportait dans la chambre des petits instruments servants à la réanimation j’ai compris que je ne devais plus me laisser aller. |
| | | Esther1 Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 2:29 | |
| Alors que je pensais avoir donner tout ce que j’avais je me suis vue plonger en moi, au plus profond. J’ai fermé les yeux, je ne pensais plus qu’à lui, la douleur semblait tellement illusoire, tellement lointaine, j’avais l’impression de me détacher de mon corps pour rejoindre mon Darius, pour lui donner toutes mes forces. Je poussais, je me concentrais pour que les poussées soient efficaces. J’écoutais en même temps mon corps et en même temps les conseils de l’équipe, ceux de Fabrice qui eux voyaient les contractions que j’avais l’impression de ne même plus sentir. Je sais que sa tête a provoqué des déchirements, je l’ai senti, j’ai senti le scalpel froid entaillant ma chair mais je n’ai pas senti la douleur.
J’ai poussé une dernière fois et il était là, sa tête était passée et la douleur s’envolait vraiment avec son petit corps de petit poisson tout mouillé qui glissait doucement hors de moi. J’ai senti le liquide qui coulait en même temps que son corps comme par magie pansait la douleur. Ils m’ont aidée à le poser sur mon ventre, il était là, tout mouillé, son visage si parfait, tout fripé, couvert de nos sangs mélangés. J’avais peur du sang avant, mais ce sang était beau, pur, noble, le sang merveilleux de la Vie !!! Toutes mes grandes théories sur le fait que je n’arriverais pas à toucher mon bébé encore couvert de sang se sont envolées, on ne se pose pas ce genre de questions quand on est maman ! On regarde le visage de son enfant, on l’admire et on le touche, on le caresse, on le rassure, on l’aime, on le réchauffe, on lui parle, on lui souhaite la bienvenue, on l’embrasse, on le sent, on l’adooooooooooore !!! Il était là, il ne pleurait pas, mais il respirait je le voyais, je le sentais avec mon cœur de maman. L’équipe semblait aux anges, admirative devant cette petite crotte qui nous avait fait si peur, qui était sortie avec le cordon ombilical enroulé autour du cou et qui était maintenant si serein et en même temps en pleine forme. Ils n’ont pas coupé le cordon de suite je pense. Nous sommes restés en tête à tête tous les trois alors qu’il était encore relié à moi.
Je regardais ma petite merveille, notre petite merveille, je regardais mon amoureux, son papa. Ils étaient tellement beaux, j’avais l’impression de ne plus faire qu’un avec eux deux. Je revoyais le visage de mon amoureux-papa-poulet s’approcher du mien quelques instants plus tôt en me disant « ça va aller ma poulette, vas y, tu es la meilleure, vas y ma poulette, je t’aime ma poulette, tu fais ça si bien… », lui si pudique qui m’appelait sa poulette comme si nous étions seuls au monde, entrain de faire naître tous les deux notre amour, la plus grande fierté, l’œuvre la plus parfaite que ce monde ait engendrée. Je les aimais, je les aime !!! Les larmes coulaient, je riais, je pleurais, je savourais. La vie est belle, je le savais !!!!!!
Darius dirigeait son visage vers nous, il était là, il nous écoutait, il essayait d’ouvrir les yeux. C’était tellement beau et étrange à la fois. Trop d’informations, de sensations en même temps. J’étais soulagée, heureuse, extatique et en même temps je découvrais tous ces traits que je ne connaissais pas encore, les traits du petit bout que je connaissais tellement bien, mais qui maintenant était à l’extérieur. Je ne voulais perdre aucune miette de ce que nous vivions. Je voulais observer chaque détail de lui et en même temps j’étais une maman-chatte, une maman-louve, mon instinct était là, je voulais le sentir, le toucher, le rassurer, le réchauffer. Mon esprit voulait privilégier la vue car c’est un de sens les plus important dans notre civilisation mais les autres sens prenaient le pas sur celui-là. Les sens primitifs qui font qu’une mère reconnait son petit. Je ne l’avais jamais vu avant cette fantastique nuit, c’était donc un peu intimidant de le regarder, de l’admirer alors que je l’avais senti, touché à travers sa bulle, je connaissais les formes de son corps de façon tactile. Je lui parlais en même temps tout haut et en même temps dans ma tête. Il était là et je voulais lui dire mon amour, je voulais qu’il l’entende avec ma voix, celle de son papa. |
| | | Esther1 Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 2:30 | |
| J’étais soulagée que Fabrice n’ait pas coupé le cordon, qu’on ne lui ait pas proposé. Je sais que ça l’aurait mis mal à l’aise, qu’il n’en avait pas vraiment envie, que ça lui paraissait aussi étrange qu’à moi. Je n’ai jamais compris ce symbole, je ne voyais pas pourquoi son papa aurait dû couper le lien qui nous unissait, son papa était là, les bras ouvert pour l’accueillir contre son cœur, pour lui offrir une nouvelle chaleur, une nouvelle douceur, mais pas pour le couper de moi.
L’infirmière a pris notre petit bonhomme, doucement et avec des gestes tendres contrairement à ce que j’avais déjà vu dans certains reportages. Il n’était pas un nouveau-né de plus à qui elle allait faire les soins d’usage mais un nouveau petit être dans ce monde. Elle lui parlait, le rassurait, lui expliquait ce qu’elle lui faisait, lui disait que nous étions là à côté de lui et que bientôt il retrouverait notre chaleur. Il pleurait mais quand il entendait nos voix le rassurer il se calmait et l’équipe nous a expliqué que nous avions un petit bonhomme déjà très curieux et qui semblait bien connaître les voix de ses parents. Elle l’a débarbouillé mais ne lui a pas donné un bain de suite. Elle nous a dit qu’il avait de magnifiques longs cils. J’avais préparé les petits vêtements que nous avions choisis avec amour quelques mois auparavant. Un pyjama gris tout chaud et tout doux, des chaussettes rouges et un petit bonnet de lutin ligné blanc et rouge… mais finalement elle ne les a pas utilisé de suite. Elle lui a mis un lange, mais au moment de l’attacher monsieur nous a fait son premier magistral caca tout noir de méconium ! C’est bête mais j’étais rassurée en me disant que ces intestins devaient bien fonctionner si il nous gratifiait déjà d’un magnifique caca. Deuxième lange pour notre loup en moins d’une demi heure de vie, un champion du caca notre amour. On a aussi eu droit à de merveilleux gargouillis parce qu’ils ont du aspiré un peu notre petit homme qui était un petit peu obstrué. Notre merveille a été pesé et mesuré, j’ai entendu les chiffres mais je les ai de suite oubliés. Je me suis juste dite que ce n’était pas un si gros bébé malgré les estimations basées sur les échographies qui nous prédisaient un géant. Les chiffres n’avaient aucune importance pour moi, je me foutais bien de combien il pouvait peser ou mesurer, il était là, il allait bien et il était le plus beau !
L’infirmière l’a emmailloté dans un drap blanc et nous a rendu notre petit paquet. Un véritable petit lutin à la bouille grognon avec le drap qui lui faisait une petite capuche pointue !
Pendant qu’elle s’occupait de notre petite crotte, je tremblais comme une feuille et je voyais Fabrice qui hésitait entre rester près de moi et aller admirer notre loup, je n’ai pas hésité et je lui ai dit que j’étais une grande fille moi maintenant et qu’il pouvait aller près de Darius. On a attendu les prochaines contractions pour l’évacuation du placenta (enfin moi je n’étais pas vraiment impatiente de voir arriver de nouvelles contractions après tous ces efforts je l’avoue !), la gyné était en train de recoudre mes déchirures et mon épisio, je tremblais après les efforts, sans doute le froid aussi de mon corps tout chamboulé, mais je n’ai pas perdu mes esprits et ai demandé à Fabrice de vérifier si notre petit homme avait les oreilles « tchouk tchouk » ou pas… Verdict comme son papa le loup avait les oreilles « tchouk tchouk » !
Le placenta sorti (avec un petit coup de main de la gyné, pas envie de pousser encore une fois après toutes ces heures de « boulot »), les travaux de couture terminés, notre loup débarbouillé et bien au chaud, nous étions enfin prêt pour la vraie découverte, le tête à tête en solo, juste nous, nouvelle famille. L’équipe s’est éclipsée discrètement après les félicitations d’usage et quelques explications sur la suite des événements.
Nous étions enfin seuls ! Nous avions été épaulés et encouragés par une équipe très chouette, mais il était temps que nous nous retrouvions juste tous le trois et ils sont partis pile au bon moment. Le véritable calme après la tempête. Darius-petit-lutin-empaqueté dans mes bras, le visage du papa heureux collé au mien, regards mêlés, admiratifs, épuisés et en pleine forme en même temps. Je tremblais toujours, j’avais tellement froid, je sentais que mon corps n’en pouvait plus et pourtant moralement j’étais tellement en forme, euphorique, saoule des efforts tellement intenses que je venais de fournir, soulagée de voir mon tout petit en pleine forme, fière de moi, fière d’avoir été si forte et si courageuse, déjà consciente de l’énorme révolution qu’était cet accouchement, cette naissance. Je tremblais tellement fort que j’ai demandé à Fabrice de reprendre Darius-lutin. Reprendre car l’infirmière l’avait confié à son papa qui voulait lui aussi découvrir ce petit être magique qui faisait de nous des parents. Je ne sais plus si on a parlé, sans doute, mais je ne me souviens plus des mots que nous avons prononcés à ce moment. Des mots remplis d’amour, de bonheur, de tendresse, j’en suis sure mais je ne sais plus exactement lesquels. Toujours dans la petite salle d’accouchement nous avons décidé de prévenir le monde entier de la naissance de notre fils. Enfin le monde entier attendrait bien encore quelques minutes ou quelques heures mais nos familles proches devaient savoir le bonheur que nous vivions ! Mes parents, Judith, Germain et Louis le parrain voulaient être prévenus à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit de l’arrivée de leur petit-fils/neveu/filleul donc Fabrice les a appelé en premier. Ma maman a décroché, encore un peu endormie et pourtant déjà tellement heureuse. Fabrice a été bref, comprenant qu’elle n’imprimerait pas tous les détails vu l’heure très matinale. Il lui a quand même donné les détails d’usage : Darius et sa maman poulette était en pleine forme, accouchement avec quelques surprises dont l’absence de péridurale, petit lutin magnifique-le-plus-beau-du-monde mesurant 52 cm et pesant 3kg410, né le vendredi 24 décembre à 6h02. Il a dit à ma maman que je les rappellerais plus tard pour leur donner plus de détails, leur donner le numéro de notre chambre et les heures de visite pour qu’ils puissent très vite venir admirer notre bébé bonheur. J’avoue que je n’ai toujours pas retenu son poids et sa taille exacte à ce moment là, toujours pas très branchée chiffres, par contre j’ai bien enregistré l’heure précise de sa naissance dés la première fois où la gyné l’a dit. A partir de ce moment mes sensations ont été très bizarres, je me sentais retomber sur terre après les épreuves de la douleur, je me sentais bien, étonnamment pas fatiguée mais je me savais dans un état second. J’ai quand même voulu appeler Sarah. Elle avait été la seule à savoir que Darius allait naître incessamment et je voulais lui annoncer moi-même que son filleul était enfin là. J’ai été étonnée et déçue de tomber sur le répondeur, j’ai essayé de rappeler mais elle ne décrochait pas, j’ai laissé tomber en me disant que je la rappellerais une fois que nous serions dans notre chambre.
Nous avons savouré chacun des instants que nous avons partagés, moments tellement intimes et uniques. Nous étions papa et maman, il était notre fils.
J’ai essayé de voir la couleur des cheveux de mon loup et savoir s’il en avait beaucoup, je n’avais pas vraiment pu le voir quand il était encore tout nu et tout barbouillé sur moi à cause du sang et du liquide qui le recouvrait et avec le drap qui recouvrait sa tête je ne le voyais pas vraiment. Je n’y suis pas vraiment arrivée mais son papa attentif avait pu admirer le petit duvet châtain de notre amour et me l’a donc décrit.
Avant sa naissance, même si j’avais été entourée de bébés depuis de nombreuses années j’avais un petit peu peur d’être maladroite et de ne pas savoir comment le porter pour qu’il se sente bien, mais comme il était emmailloté, les jambes repliées comme dans mon ventre je sentais qu’il était bien et nous n’avions aucun mal à le serrer dans nos bras. D’ailleurs instinctivement, encore couchée sur le lit où j’avais accouché, quand Darius était sur moi je le posais sur mon ventre, juste en dessous de mon sein droit, à l’endroit où il était souvent caché dans mon ventre.
Je le regardais essayant de réaliser que j’avais dans mes bras le bébé qui quelques heures auparavant était encore en train de gigoter dans mon ventre, celui que je connaissais par cœur. J’essayais de lire dans ses yeux, de comprendre ses petits bruits, c’était tellement nouveau pour moi, mais posé sur mon ventre, ma main sous ses petites fesses je le redécouvrais, comme s’il n’était pas vraiment sorti de sa bulle, je reconnaissais cette courbe, celle du petit cul qui venait pointer et remuer dans le haut de mon ventre, ces petites fesses sur lesquelles mes mains étaient posées quasiment 24h/24. Je n’avais pas de mot pour l’expliquer et pourtant je reconnaissais quasiment toutes les formes de son corps, celles que j’avais senties à travers ma peau, sa bulle, le liquide. Je reconnaissais aussi ses jambes, la forme exacte de ses jambes et la position dans laquelle elles étaient là à l’intérieur. J’avais l’impression de réapprivoiser mon petit bonhomme, d’apprendre à le connaître tel qu’il était dans notre monde, hors de sa bulle aquatique.
Une autre infirmière est venue alors que nous étions encore dans la salle d’accouchement pour m’aider à mettre notre petit affamé au sein. Ce fut également étrange comme sensation et pourtant tellement agréable de me dire que je suffisais entièrement à nourrir mon tout petit. Il a attrapé mon sein directement et sans problème a tété. Je m’étais souvent demandée quel effet cela faisait de sentir un nouveau-né tété avidement pour se nourrir du lait de sa mère, et bien cela m’a fait un effet fantastique de plénitude et de symbiose. Directement j’ai retrouvé le même genre de sensations que celles que j’avais quand je le sentais bouger dans mon ventre. J’ai ressenti les contractions qui aidaient mon utérus a retrouvé sa taille de madame-pas/plus-enceinte mais ces contractions me semblaient douces et réconfortantes car elles accompagnaient les tétées de Darius. Couchés tous les deux dans le lit, Darius tétant le colostrum que je fabriquais en direct pour lui je me suis sentie tellement apaisée et sereine. Ma tête s’était vidée pour que je ressente mieux tout l’amour qui envahissait mon cœur, mon corps. J’avais vraiment l’impression que ma tête se vidait de toutes pensées, que mon corps se vidait de la fatigue et des courbatures en même temps que Darius tétait. J’ai ressenti cette sensation encore longtemps, à chaque fois que j’allaitais, je me sentais tomber dans une délicieuse torpeur, comme cet état étrange et délicieux pendant lequel l’esprit vagabonde dans des univers oniriques et inconnus avant de plonger dans le sommeil. Je sais que c’est hormonal, mais je préfère me dire que c’est tout simplement la magie d’être maman. |
| | | sabine77 Invité
| | | | titine crapouilette
Nombre de messages : 351 Localisation : neufchateau Date d'inscription : 14/11/2005
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 10:01 | |
| Je lirai plus tard car là pas le temps mais BON ANNIVERSAIRE | |
| | | blondine Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 11:24 | |
| oui moi aussi oufffff je lirais demain gros bisous |
| | | AnneLG
Nombre de messages : 17834 Age : 47 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/11/2005
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 13:32 | |
| j'ai tout lu bien attentivement... C'est magnifique, merci de nous avoir fait partager tout ça!
Tu viens d'achever de me convaincre d'écrire moi aussi tout ce que je vais vivre! | |
| | | Ninie32 Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 13:35 | |
| C'est magnifique Esther.... Bon anniversaire à ton petit loup.
Bises
Virginie |
| | | titine crapouilette
Nombre de messages : 351 Localisation : neufchateau Date d'inscription : 14/11/2005
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 14:16 | |
| juskaubout Merci Esther et encore bon anniversaire à Darius | |
| | | Sylced Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Sam 24 Déc 2005 - 16:04 | |
| Ben voilà, tu as réussi à me faire pleurer, contente? Pffff, que dire... tu as raconté ça de manière magique... Je me suis vue à ta place, vivant l'accouchement dont j'aurais voulu pour Julien... Je me rattraperai pour le suivant! peut-être avec ta gyné, qui sait? elle a l'air très sympa! Mais n'oublions pas l'essentiel, ce post a un sens... BON ANNIVERSAIRE DARIUS!!!!!! (ps: il y a un petit mot pour toi dans la boîte mail de maman! ) Je ne vais pas faire de longs texte, d'abord parce que ton histoire m'a fait perdre mes mots, mais aussi parce que c'est tellement beau, qu'il n'est pas utile d'en rajouter... Donc... bizzz, à très bientôt!!!! Et félicitation pour ce roman! lollll tu dors, parfois? Sylvie |
| | | Evi Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Lun 26 Déc 2005 - 12:34 | |
| Bravo ma belle
tu as réussi à me faire pleurer. Quel beau récit et quelle maîtrise de soi.
Encore bon anniversaire un peu en retard pour un beau loup.
Bisous Eveline |
| | | Lovlove Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Mer 28 Déc 2005 - 0:47 | |
| Ben moi pas moyen de trouver le temps de jusqu'au bout et je coince à la péri car tu dis accoucher sans pourtant à 6 tu attends l'anesthésiste pour te la poser... bref, il me manque un morceau kek part moi, lollllllll
Tu peux vérifier car y'a un truc qui coince au milieu de l'aventure ou alors tu n'as pas tout écrit le même jour et c'est ça qui fait la différence.
Bref, j'ai déjà dit mais re-bon annivesaire au tit loup!
Gros bisousssssssss |
| | | Lovlove Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Mer 28 Déc 2005 - 0:54 | |
| Je pige pas pouquoi ils ne t'ont pas filé à boire si pas de péri non plus?
On peut boire et manger sans aucun problème sans péri donc????
En cas de souffrances foetales, on a droit à l'artillerie lourde car les secondes sont comptées, sage-femme sur le ventre pour aider à pousser, ventouses et puis forceps (ouinnnnnn, beurkkkkkkkkkk), césa dans les minutes qui suivent donc j'espère te rassurer en te disant que Darius ne souffrait pas plus que tous les bb qui naissent hihi mais ça ne me dit pas pkoi tu n'as pas reçu à boire.
Si péri, clair qu'on ne peut pas boire car la péri comme tout anesthésiant puissant ressort aussi sec. Tu peux demander à mon ex-mari, j'ai aussi englouti un coton imbibé d'eau pour miss Rere... résultat : ma péri sur le carrelage, lol!
Prends ta bouteille d'eau pour bb 2 au cas où ils te refuseraient encore à boire hihi.
Bisous Je file au dodo |
| | | Esther1 Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Mer 28 Déc 2005 - 1:25 | |
| lol Fabienne tu es la seule à avoir remarqué que quelque chose clochait :p Ben oui il manquen une partie, celle justement avec la raison qui a fait que je ne l'ai pas eue la péri.
Attends je fouille pour la retrouver cette fichue partie parce que sans ça perd tout son sens.
Esther |
| | | Esther1 Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Mer 28 Déc 2005 - 1:32 | |
| Si si Darius était en soufrance car il avait le cordon autour du cou mais ça ils ne l'ont vu que quand il est sorti. J'avoue ne pas avoir demandé tous les détails "médicaux", j'étais tellement heureuse qu'il soit là et que tout aille bien que j'ai zappé certains moments.
Mais oui j'ai eu droit aux infirmières qui grimpaient sur mon ventre pour faire descendre Darius.
Et puis la souffrance foetale ne veut pas dire que le bébé a mal si je ne me trompe pas mais simplement que tout ne se passe pas super bien. Et c'était le cas, je suppose que le cordon a été un peu coincé et que c'est la raison de son ryhtme cardiaque anormal.
Bon je l'avoue je m'en fiche un peu du côté "scientifique" de la chose, je sais juste que tout n'a pas été rose... mais que ce fut l'expérience la plus géniale et la plus grande de ma vie.
Ah et je ne sais pas exactement pourquoi je n'ai pas pu boire mais l'équipe m'a brièvement expliqué qu'ils avaient tout fait pour éviter la césa d'urgence et je leur en suis très reconnaissante. Accoucher par voie basse et sans péridurale est finalement un grand cadeau à mes yeux.
Esther |
| | | Esther1 Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Mer 28 Déc 2005 - 1:38 | |
| Voilà la partie manquante. Elle vient après la 3e partie. Avant la partie qui commence par "J’ai tout géré, j’ai pesté contre ces foutues contractions..."
J'espère que c'est clair lol :p
_____________________________________________ J’ai mal, tellement mal, je suis fatiguée de ces contractions qui ne disparaissent que quand une autre arrive… mais je suis HEUREUSE !!!! Je vais accoucher, j’accouche, nous sommes en train d’accoucher, de naître, de renaître. L’homme de ma vie est là, plus beau, plus tendre, plus génial que jamais, mon loup sera bientôt là et pour nous aider nous avons une équipe souriante et tellement respectueuse. Disparues les sales tronches qui nous faisaient tellement sentir qu’ « on était pas les premiers ». Non nous ne sommes pas les premiers à devenir parents, mais cela n’enlève rien à la magie car pour nous c’est la première fois et puis simplement parce que chaque naissance est différente, chaque naissance doit être magique !!!
Nous retrouvons la petite chambre agréable que nous avions découverte pour un monitoring de contrôle quelques semaines auparavant. Nous sommes réjouis et rassurés de découvrir une pièce, certes meublée et équipée avec du matériel médical mais avec un caractère intime et chaleureux. La lumière n’est pas aveuglante, les odeurs ne sont pas trop fortes. Le meuble avec le matelas à langer prêt à accueillir notre petite merveille de loup est à quelques centimètres du lit dans lequel je vais accoucher, on ne l’emmènera pas loin de moi pour lui faire les premiers soins, je n’aurai même pas à le quitter des yeux. On retrouve aussi le « grille-bébé » qui nous avait fait rire (un espèce de radiateur suspendu au dessus du matelas à langer qui nous avait vraiment fait penser à un grill la première fois où nous sommes rentrés dans cette pièce).
On m’installe dans le lit, on me met un bracelet, on me pose une perf… tout va vite, je ne suis pas très bien tout ce qu’il se passe mais je suis rassurée. J’attends ma péridurale salvatrice. J’ai de nouveau droit au monitoring dont j’aurais pourtant voulu me passer. L’anesthésiste arrive… Je m’attendais à voir un vieux bonhomme très « vieille France » et puis en fait c’est une petite bonne femme, métisse toute souriante et sautillante qui arrive. Fabrice doit sortir pendant qu’elle pose la péridurale mais on nous rassure en nous disant que ça ira très vite et qu’on lui fera signe dés que ce sera fait. La douce et gentille infirmière (pour qui c’était le premier jour, ou plutôt la première nuit de boulot après son congé de maternité et qui revivait donc des instants magiques qu’elle avait vécu six mois plus tôt, qui comprenait tellement bien ce dont j’avais envie, qui trouvait les mots pour me rassurer) m’aide à m’asseoir, on me demande de me pencher en avant. Mais j’ai soudain très mal en ventre, une douleur vive, très différente de celle des contractions. C’est très difficile de bouger avec les contractions qui se suivent de quelques secondes seulement et cette ceinture mais ils me recouchent de suite, ils s’activent autour de moi. Je ne comprends pas du tout ce qu’il se passe, je pense qu’il cherche une meilleure position pour me poser la péridurale mais très vite je comprends que quelque chose ne va pas. Ils changent les capteurs de place sur mon ventre, je pense que Darius a encore changé de position ou qu’il est descendu et que c’est pour ça que je n’entends plus les « tocs » de ses battements de cœur. Ils remplacent la poche de la perfusion. Je ne comprends rien et j’ai peur. Je vois à leurs regards que quelque chose ne va pas. Tout va trop vite pour moi, j’ai mal, j’ai peur, je suis perdue, je voudrais que Fabrice soit là, je cherche désespérément une main à serrer, je tourne la tête dans tous les sens, j’essaie de trouver quelque chose auquel accrocher mon regard, j’essaie de comprendre ce qu’il se dit… Je suis toujours aussi perdue mais je sens une petite main se tendre, je l’agrippe et la sers très fort, ce petit bout de femme d’anesthésiste est à côté de moi et elle comprend mon désarroi. Je suis incapable de dire combien de temps cela a duré, quelques secondes, quelques minutes, j’ai totalement perdu la notion du temps, de l’espace un petit peu aussi, je ne sais pas comment je me suis retrouvée d’assise à couchée. Finalement je vois l’équipe se calmer, j’entends à nouveau le cœur de mon loup, l’infirmier accoucher s’approche de moi et m’explique. Quand j’ai essayé de m’asseoir quelque chose s’est mal passé et le cœur de mon bébé s’est arrêté de battre, ils m’ont injecté un produit pour essayer de le stabiliser, les capteurs du monitoring n’étaient pas assez sensibles donc ils ont posé un petit capteur directement sur son crâne. De suite ils ont fait rentrer Fabrice, lui ont à nouveau expliqué ce qu’il s’était passé. Les contractions sont tellement fortes, intenses et rapprochées qu’elles ne laissent pas de répit à Darius qui commence à mal les supporter. Il semble être en souffrance et son rythme cardiaque est instable donc ils ne veulent pas prendre le risque de me faire bouger à nouveau pour me poser la péridurale. Ils vont attendre pour voir si le rythme cardiaque de Darius se stabilise mais il y a très peu de chance pour que je puisse avoir la péridurale. J’essaie de rester calme mais je n’y arrive pas et m’effondre, je l’attendais tellement cette péridurale, je suis tellement épuisée par la douleur. Je n’y arriverai pas, je pleure, je voudrais qu’on m’aide, j’ai l’impression que je n’ai plus aucune force. J’ai la bouche sèche, ma gorge me fait mal à force de respirer aussi fort. Je perds pied quelques instants, mais très vite je me reprends, je comprends que ma douleur n’a pas d’importance par rapport à celle de mon roi, de ma petite canaille, de mon fils, de la chair de ma chair, de mon tout petit loup à moi. L’équipe est formidable, me dit que je me débrouille très très bien, que j’ai tellement bien géré la douleur, que ma respiration est parfaite, qu’ils ont rarement vu une femme si bien gérer des contractions aussi fortes pour un premier accouchement, sans péridurale. Je ne sais pas si c’était vrai mais cela m’a redonné de la force. Je comprenais enfin ce qu’il se passait. Je comprenais que c’était vraiment le moment de prouver que j’étais déjà maman, que je pouvais oublier ma douleur aussi insupportable soit elle car mon bébé avait besoin de toutes mes forces, ma douleur n’était rien à côté de la sienne. Je supportais difficilement ces contractions, lui ne les supportait plus du tout. Fabrice était là, il m’aidait, ce n’était pas seulement mon accouchement, mais le nôtre ! Ce n’était plus à moi de chercher du réconfort, je devais en donner, je devais rassurer Darius, lui parler dans ma tête comme je l’avais toujours fait et lui dire que je savais combien ces contractions étaient pénibles pour lui mais qu’il devait tenir le coup, que j’allais tout faire, tout donner pour que cela cesse vite, pour qu’il soit dés que possible dans mes bras, qu’il retrouve la chaleur et la douceur qu’il avait toujours connues jusque là.
A partir de ce moment le temps a filé à toute allure, je ne sais pas du tout en combien de temps il a été là. Je me souviens juste des bruits de son cœur qui s’espaçaient beaucoup trop. |
| | | AnneLG
Nombre de messages : 17834 Age : 47 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/11/2005
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Mer 28 Déc 2005 - 1:42 | |
| ben tiens... j'avais tout lu attentivement... et j'avais rien remarqué!!!
Pfff. ceci dit, oui, à la lecture de ce post-ci, tout s'éclaire!
Merci à nouveau, vraiment!
Anne. | |
| | | Sylced Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Mer 28 Déc 2005 - 14:05 | |
| moi je connaissais l'histoire...donc j'avais comblé le blanc! |
| | | Esther1 Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Mer 28 Déc 2005 - 14:14 | |
| Héhé Sylvie Et je dois t'avouer que je crois que tu es une des premières à avoir entendu le récit complet de la naissance de Darius :) Quand les gens de notre famille nous demandait comment cela c'était passé je répondais toujours "très bien" sans donner de détail. J'étais tellement heureuse et en donnant certains détails j'avais un peu peur de passer pour le genre de fille qui dit "oulala mon accouchement a duré des heuuuuuures, j'ai souffert le martyre" et je ne voulais pas de ça. Je sais que peu de gens comprennent qu'on accouche sans péridurale aujourd'hui, pour moi ce n'était pas un choix pour Darius mais maintenant que je l'ai vécu j'aimerais vraiment revivre un accouchement sans péri. Toi je savais que tu comprendrais et que notre bonheur ne serait pas diminué à tes yeux par les petites "surprises" de cet accouchement. Et puis ça nous a tellement touché que vous soyez venus souhaiter la bienvenue à Darius, on en parle encore :) Bisous ! Esther |
| | | Esther1 Invité
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Mer 28 Déc 2005 - 14:16 | |
| - AnneLG a écrit:
- ben tiens... j'avais tout lu attentivement... et j'avais rien remarqué!!!
Pfff. ceci dit, oui, à la lecture de ce post-ci, tout s'éclaire!
Merci à nouveau, vraiment!
Anne. C'est vrai que j'avais foiré et que sans ce passage ça ne veut plus dire grand chose. De rien Anne, ça me fait plaisir de partager ces moments magiques, d'autant plus que je sais que je serai lue avec attention et respect ici. Et puis je me dis que ça peut peut-être aider certaines mamans qui flippent à mort pour l'accouchement. Même une douillette comme moi peut accoucher sans péri sans s'y être vraiment préparer et ne garder que de magnifiques souvenirs de cette naissance Ca approche à grands pas pour toi Bisous! |
| | | AnneLG
Nombre de messages : 17834 Age : 47 Localisation : Paris Date d'inscription : 14/11/2005
| | | | minaartemis
Nombre de messages : 2880 Localisation : arlon/belgique Date d'inscription : 15/11/2005
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 Mer 28 Déc 2005 - 15:14 | |
| j'ai tout lu,j'en ai pleuré, ton histoire est très emouvante,tout ce que je n'ai jamais eu et que j'aurai aimé avoir je souhaite avec quelques jours de retard un très joyeux anniversaire à ton petit darius | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 | |
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| | | | Il y a 1 an (suite trèèèèèèès longue!!!) 01 | |
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