Le récit de Gégé (dans lequel je me suis beaucoup retrouvé) m’a donné envie de vous livrer la naissance de mon grand garçon… Et puis aussi parce que dans quelques semaines, j’aurai vécu un nouvel accouchement qui risque d’influencer le vécu du premier ! Je me lance…
Fin 2004 : Sept ans que Bruno et moi nous connaissons et presque autant de temps que nous parlons de faire un enfant… Avant de nous lancer dans cette extraordinaire aventure, il nous fallait, selon nous, une certaine stabilité : une maison, un emploi stable et la capacité à pouvoir « avancer » dans la vie ensemble. Et voilà, nous devenons propriétaire de notre appartement, nous venons de nous marier et j’ai enfin trouvé un emploi en CDI ! Chéri m’a prévenue : « Je veux un enfant avant mes 30 ans ! »
Janvier 2005 : Avec la nouvelle année, un nouveau projet ! J’arrête la pilule et sur les conseils de mon médecin, je décide de laisser mes ovaires au repos, le temps que l’ovulation se remette en place. Après un premier cycle de 45 jours, je suis déjà trop impatiente… Les choses sérieuses commencent au cycle suivant ! Les premiers symptômes apparaissent : douleur dans la poitrine, fatigue, envie pipi… Je fais un test de grossesse : négatif ! Persuadée d’être enceinte, je refais un test : négatif !! Grrr ! Têtue, je vais voir le généraliste pour qu’il me prescrive une prise de sang. Chéri, sceptique, m’accompagne faire la prise de sang. Un petit tour en ville et deux heures plus tard, nous revoilà au labo pour le résultat. La secrétaire très sceptique nous annonce : « Votre taux de Béta HCG est à 11. Normalement, au-delà de 10, vous êtes enceinte, mais là, c’est vraiment limite, il faudrait refaire une prise de sang dans quelques jours… » Moi j’en suis sûre, on attend un enfant !! Le premier RDV gygy nous confirme la grossesse et fixe le terme au 20 janvier 2006 (oops, à 20 jours près, chéri devenait papa l’année de ses 30 ans…)
La grossesse se passe magnifiquement !! Ça dégénère un peu début janvier à quelques jours du terme… Comme je vous l’ai expliqué dans un autre post, la naissance de Lubin é été déclenché pour choléstase gravidique…
Le 3 janvier, je commence à me gratter. J’ai récemment changé de crème anti-vergetures, je dois faire une réaction… À moins que ce ne soit quelque chose que j’ai mangé lors du réveillon ? Je me gratte pendant 2 nuits jusqu’au sang. La journée, je gère à peu près les gratouilles...
Le 5 janvier, je téléphone à la sage-femme qui m’a préparé à l’accouchement et je lui parle de ces démangeaisons. Elle évoque le risque de prurit gestationnel (démangeaisons) et me conseille d’aller de suite à la mater. J’y file ! Prise de sang à 16h, à 18h30, je reçois un coup de fil de l’interne qui m’a reçu me demandant de revenir dès ce soir pour être déclenchée le lendemain matin. Mon bilan sanguin est hyper perturbé, il faut rapidement faire sortir Lubin… Une angoisse terrible m’envahit, demain, Lubin sera né ! Ce soir-là, Chéri et moi mangeons un énoooorme plat de pâtes et nous allons à la mater vers 21h. Je suis placée dans une chambre à deux lits avec une maman qui vient de mettre au monde sa petite fille. La sage-femme me donne des cachets pour ne plus me gratter, Bruno rentre à la maison et je passe ma troisième nuit blanche : le bébé a hurlé toute la nuit…
Le 6 janvier à 6h du matin, la sage-femme vient me poser un « tampon » d’hormones pour essayer de déclencher le travail en douceur. J’ai le droit de déambuler dans les couloirs de l’hôpital, mais je dois revenir à ma chambre toutes les deux heures pour faire un monito et un TV. Le travail n’avance pas (ouverte à 1 doigt), mais pourtant, j’ai des contractions très régulières. En milieu d’après-midi, on vient me poser un nouveau tampon en espérant que ça se mette en route pour cette nuit… Toujours rien en fin de journée ! Je demande à être installé en chambre individuelle, ma petite voisine hurle à la mort et sa maman reçoit des visites à tour de bras. Nous sommes jusqu’à 15 dans la chambre !! Même les sages-femmes sont scandalisées du manque de respect des visiteurs et mettent tout ce monde à la porte. Le pire, ceux qui viennent avec leurs enfants et qui se plantent devant mon monito « Pourquoi la dame est là ? Pourquoi elle a mal ? C’est quoi la machine ? » Grrrrr !!!. Sans compter les TV fait devant ma voisine, même pas un rideau pour me préserver de ses regards. Dans ces moments-là, on ravale sa fierté, on pense très fort à bébé et on oublie le plus vite possible… Vers 20h, on me transfère en chambre individuelle. Je suis à jeun depuis la veille, on m’accorde une soupe et un verre d’eau. Vers 22h, la sage-femme de nuit décide de bloquer les contractions pour me laisser passer une bonne nuit de sommeil. Il est prévu que le lendemain, on replace un tampon… Pffffffffff… Bruno rentre à la maison, je m’endors vers 23h, je ne verrai pas mon bébé aujourd’hui !!
7 janvier : Ca ne fait qu’une heure que je dors et je suis réveillée par un grand coup de pied de mon loulou. Et…. Splash… la poche des eaux se rompt ! J’inonde le lit… Je sonne la sage-femme ! Elle arrive, allume la lumière : les eaux sont vertes. Lubin a émis le méconium, mon bébé est en souffrance, maintenant il est vraiment temps de le faire sortir !! La sage-femme me laisse prendre une douche et me conduit en salle de travail… Commence ma quatrième nuit blanche…
Il est 1h du matin, je suis en salle de travail, je viens de téléphoner au futur papa qui commençait à fermer l’œil. La salle est froide, je suis toute seule et j’entends dans la salle voisine une femme qui hurle « Sortez-le moi de là, j’en peux plus ! » et les noms d’oiseaux qui vont avec. Je panique, je ne veux plus accoucher, je veux rentrer chez moi… La sage-femme me rassure. Certaines femmes ont besoin d’extérioriser leurs émotions. Je suis perplexe… Elle m’installe la perfusion d’ocytocines (pour déclencher le travail), la perfusion de sucre, l’engin qui prend la tension toutes les 2 minutes qui mouline le bras à chaque fois, une électrode sur mon cœur pour vérifier mon rythme cardiaque et enfin le monito ! Je suis retenue sur le lit par tous ces fils !... Je lui parle de mes envies : accoucher sur le côté, prendre bébé sous les bras pour l’accueillir à sa sortie… Le travail commence, la douleur s’installe très vite, j’ai du mal à appliquer les conseils de ma sage-femme concernant les respirations. Je panique complètement, je respire n’importe comment… Heureusement, mon mari arrive pour me rassurer. Il m’accompagne dans la douleur, me rassure. Il pulvérise régulièrement mon visage (j’ai soif !!) et me donne les granules d’homéopathie… Les contractions se font dans le dos ! Tant pis, je me mets à 4 pattes sur la table et je fais le dos rond pour me soulager. Les contractions sont rapprochées et je n’ai pas l’impression de pouvoir récupérer. Il est 2h30, je suis dilatée à 4, la sage-femme fait venir l’anesthésiste. Pendant ce temps, je vire cette affreuse blouse qui me gêne, je me retrouve donc nue sur cette table en train de chercher la position la moins douloureuse pour moi. Je me mets à frissonner et à claquer des dents : j’ai froid ? Je suis angoissée ? Je ne sais plus… Je ne contrôle plus rien, je laisse mon corps prendre le dessus sur mon esprit ! L’anesthésiste arrive à 3h, je suis dilatée à 7. La sage-femme remonte la blouse sur ma poitrine pour me préserver, mais cette fois, je m’en fous ! Vite, qu’il me soulage !! Je me mets en position. Devant moi, Bruno est là et m’encourage à respirer profondément et calmement. La sage-femme est accroupie et me tient une main pendant qu’une aide-soignante nous a rejoint et me tient l’autre main. L’anesthésiste me demande de l’arrêter dès que je ressens une contraction. J’ai l’impression de lui dire « Stoooooop » toutes les 30 secondes. Il pose la péridurale sans problème et m’explique qu’il m’a mis une dose mini-mini dans la mesure où je vais devoir bientôt pousser. Trois contractions plus tard… Je pourrai me lever pour l’embrasser !! Les contractions sont atténuées mais je garde de très bonnes sensations !
3h15 : Vent de panique !! Il faut que je pousse. La sage-femme est perplexe : je ne peux pas être à dilatation complète. Elle m’autorise à pousser doucement pour faire descendre mon bébé… Je m’exécute sur une contraction, mais là, IL FAUT que je pousse !!!! Elle vérifie, je suis à dilatation complète ! Vive l’instinct maternel… Je commence à pousser sur le côté. A priori, mes poussées sont inefficaces, elle me demande alors de passer sur le dos. Pas d’étriers, je suis semi assise, les pieds calés, je m’agrippe à mes cuisses pendant les poussées. Une première poussée : « Je vois sa tête, il est très chevelu ». Bruno passe devant pour voir le crâne de son fils… Deuxième poussée qui me vaut une petite épisio : je sens la chaleur du sang se répandre… Une autre petite poussée : le rythme cardiaque de Lubin faiblit, on me pose le masque à oxygène. J’ai la sensation de quitter mon corps et de me regarder du dessus. Une dernière poussée et la sage-femme me dit « Allez-y vous pouvez le prendre ». Mais de quoi elle me parle ? Je cherche à reprendre mes esprits et là je vois entre mes jambes mon petit bonheur. Je l’attrape et le pose sur ma poitrine. Il est 3h32, mon fils est magnifique !! Deux minutes après, on me l’enlève pour l’aspirer (à cause du méconium, sinon, il n’aspire pas) et on en profite pour le peser : 3,700 kg à 13 jours du terme. Beau bébé, il paraît que je suis faite pour ça… L’aide-soignante me ramène Lubin et nous découvrons avec beaucoup d’émotion notre fils. Pendant ce temps, la sage-femme procède à l’expulsion (il a fallu que je regarde mon placenta…), me nettoie et me recoud. Après, toute l’équipe nous laisse rien que nous trois, ils baissent la lumière et je mets mon doudou au sein.
Deux heures plus tard, retour dans notre chambre, une puéricultrice donne son premier bain à notre bébé… Le jour se lève sur notre petite ville, un petit d’homme est venu au monde cette nuit, il se prénomme Lubin.
Mon petit bonhomme 6 heures après sa naissance...