comment savoir si les ados mentent?

Bonjour,

Comme je l'ai dit en me présentant je suis arrivée sur ce site car je me pose des questions sur les ados et le mensonge. Je sais qu'il y a déjà eu un post à ce sujet et j'ai aussi pris connaissance du cas de Marie-Maxime qui m' a interpellée (au fait est-elle revenue en "vrai"?).

Souvent mes élèves (toutes des filles) viennent confier leur états d'âme mais il m'est arrivé un jour de me rendre compte qu'une "dérapait" : son discours devenait incohérent et j'ai découvert (par recoupements et à l'aide de la médiatrice) qu'elle avait "inventé" le fait que sa mère soit morte!! Elle a expliqué -mise au pied du mur-que pour elle c'était comme si...elle avait 17 ans!!
Après elle a fait croire à mes collègues qu'elle était enceinte, elle ne me l'a pas dit car elle savait que je ne la croirais plus.(enfin c'est ce que je pense)

Bref, cette expérience m'a rendue plus qu'incrédule.

Ce que j'aimerais savoir c'est pourquoi les ados ont besoin de mentir ainsi, puis-je croire ce qu'une autre élève m'a dit cette année, comment réagir si je suspecte un mensonge?comment savoir si elle ment?

Difficile car parfois pour ces filles, issues de l'immigration, l'école est le seul endroit où elles trouvent un peu de liberté et d'attention.

Voilà, avez-vous des expériences qui m'éclaireraient, comment avez-vous réagi?que ce soit avec votre enfant ou votre élève ou que vous-mêmes vous ayez un jour en temps qu'ado eu recours au mensonge.

Sorry pour avoir été si longue , et merci pour vos éclairages.

personnellement je suis intimement convaincue que le mensonge fait partie intégrante de l'adolescence et qu'il est plus facile d'inventer que de parler de sa propre réalité. Par exemple plus facile de dire que sa mère est morte plutôt que d'avouer que ça se passe mal et que ça la blesse pour reprendre ton exemple. Mais aussi plus facile de dire qu'on est enceinte (et ainsi s'afficher en tant que femme ayant une sexualité) que d'être moquée par les copines qui l'ont "déjà fait" et d'avouer qu'elle ben non tu vois ce que je veux dire?
pour moi le truc à faire c'est plus de les valoriser dans ce qu'elles sont que de les laisser vivre par procuration mais c'est loin d'être facile, d'autant qu'en tant que prof tu ne les vois que quelques heures semaines...
comment avez-vous réagi, toi et la médiatrice, dans l'exemple que tu donnes? que te dit la médiatrice sur cette question? qu'en pensent tes collègues, ta direction? ce serait intéressant de confronter leurs expériences et notre vision des choses, non?

Pour ce qui est de la maman, j'ai vu l'élève avec la médiatrice qui est arrivée à parler de la famille. La fille a dit "ma mère est morte" mais comme la médiatrice voyait souvent la soeur de cette fille, elle a mis les pieds dans le plat en lui disant ce n'est pas vrai. La fille a persisté, je lui ai demandé de ne pas me mentir, je lui ai dit que je ne la jugerait pas et elle a fini par craquer.La médiatice surchargée de travail m'a laissée continuer, la fille était honteuse vis à vis de moi au point de ne plus vouloir aller en voyage scolaire mais j'ai continué à lui parler et elle est venue. Elle a continué avec le mensonge de sa grossesse mais jamais devant moi...

Pour le cas de cette année, la médiatrice m'a conseillé la prudence vu que l'élève s'est confiée à moi. Elle dit d'être attentive et de prendre les perches que la fille tend mais qu'il faut aussi jouer mon rôle de prof qui est aussi de mettre les limites.

Mes collègues ont des avis parfois fort divergents, certains refusant de faire autre chose que donner cours, quant à la direction, c'est le règlement et rien que le réglement, elle ne joue que sur le registre discipline.

De mon côté, j'estime que lorsque l'on travaille avec des ados, il faut parfois essayer de les comprendre, de les écouter avant. Je ne suis pas laxiste et je sanctionne si nécessaire.

Bref, j'aurais plutôt dû faire psy je crois.

je pense au contraire que tu es super bien dans ton rôle...ce que je pense c'est qu'un prof, surtout actuellement, doit être prof, psy, assistante sociale, confident, éducateur tout à la fois....c'est un don

je pense que tu es vraiment sur la bonne voie, les questions que tu te poses sont pour les aider vraiment et c'est intéressant de voir ton cheminement et ton envie, surtout, de les aider. Si tu t'entends bien avec leur prof de français pourquoi ne pas proposer une dissert sur le thème du mensonge? c'est souvent révélateur (ça peut se faire en morale aussi d'ailleurs )

Sylvie a écrit:

je pense au contraire que tu es super bien dans ton rôle...ce que je pense c'est qu'un prof, surtout actuellement, doit être prof, psy, assistante sociale, confident, éducateur tout à la fois....c'est un don

je pense que tu es vraiment sur la bonne voie, les questions que tu te poses sont pour les aider vraiment et c'est intéressant de voir ton cheminement et ton envie, surtout, de les aider. Si tu t'entends bien avec leur prof de français pourquoi ne pas proposer une dissert sur le thème du mensonge? c'est souvent révélateur (ça peut se faire en morale aussi d'ailleurs )

HS : C'est quoi, vos cours de Morale? Un genre de philo?

Bon, j'interviens, même si je suis pas sûre de ce que je vais dire, mais voilà.

Je suis évidemment d'accord que le rôle d'un progf est d'être pédagogue, et qu'en cela, ça implique qu'il puisse comprendre ses élèves, (donc un peu psy et confident), les orienter, les guider aussi, et qu'il met à leur portée plus que le contenu stricto-sensu de son cours (édicateur, etc.)...

En même temps, dire rapidement comme tu le fais Sylvie qu'un " prof doit être prof, psy, assistante sociale, confident, éducateur tout à la fois", ça me paraît "dangereux". Il faut quand même mettre des limites professionnelles, je crois, et que chacun garde sa spécificité. D'une part parce que les compétences ne sont pas les mêmes (et s'acquièrent longuement et spécifiquement pour chacune), mais aussi et surtout parce qu'une personne qui représenterait tout ça pour un élève court le risque à mon sens de devenir à ses yeux une sorte de mentor, une seule et unique référence. ce qui me paraît dangeureux si un élève est en réel questionnement personnel, quoi. Après, que le prof se doive d'être "sensible" à toutes ces compétences, oui, mais qu'il les recoupe toutes, non, je ne le crois pas.

Je sais pas si je suis claire.

HS :oui

pour le reste anne je pense que ce que tu dis est entièrement vrai...en théorie...dans la pratique la plupart des ados ne rencontreront jamais de psy ou autre, les parents démissionnaires s'en remettent à l'école pour remplir les rôles qu'ils ne veulent plus assumer. Si les profs laissent tomber ces ados n'auront plus de personne référente. Je ne dis pas (loin de là) que je parle là de la majorité des élèves mais franchement une grande partie des ados en dérive sont dans ce schéma, on ne peut le nier. Bien sûr qu'on ne remplacera jamais ces personnes spécialisées mais à notre échelle on se doit de ne pas occulter les parties sociales, familiales et psychologiques des ados. Pour moi un élève c'est d'abord un enfant (ou un ado) avec tout ce que ça comporte

Sylvie a écrit:

HS :oui

pour le reste anne je pense que ce que tu dis est entièrement vrai...en théorie...dans la pratique la plupart des ados ne rencontreront jamais de psy ou autre, les parents démissionnaires s'en remettent à l'école pour remplir les rôles qu'ils ne veulent plus remplir. Si les profs laissent tomber ces ados n'auront plus de personne référente. Je ne dis pas (loin de là) que je parle là de la majorité des élèves mais franchement une grande partie des ados en dérive sont dans ce schéma, on ne peut le nier. Bien sûr qu'on ne remplacera jamais ces personnes spécialisées mais à notre échelle on se doit de ne pas occulter les parties sociales, familiales et psychologiques des ados. Pour moi un élève c'est d'abord un enfant (ou un ado) avec tout ce que ça comporte

ah ouais, voilà, c'est ce que je voulais dire... c'est pour ça que je disais "dire rapidement comme tu le fais"...

je suis d'accord avec vous deux, il est clair que je n'ai pas la formation de psy ou autre et donc dès que possible je passe le relais mais....

Il m'est arrivé d'aller au PMS avec une élève et de m'entendre dire qu'il fallait que je continue seule car eux ne savaient rien "tirer" de l'élève!!!
Et pour certaines élèves c'est : moi ? le psy, mais je ne suis pas folle!!
Depuis qu'on a une médiatrice c'est mieux, les élèves lui font confiance mais elle est débordée et toute contente quand ça passe avec un prof.

Je retiens l'idée de la dissert sur le mensonge, merci!

PS En Belgique PMS = centre psycho médico social (ils sont présents un jour par semaine à l'école)