Pour vous ne pas être raciste, c'est...

Cette semaine, j'ai eu le "deuxième acte" d'une réflexion entamée avec moi-même il y a quelques années, lorsque j'ai rencontré l'Homme.

Avant, je me considérais comme vierge de tout a priori raciste et très tranquille vis à vis de tout ça.

Mais les débuts de notre histoire m'ont fait prendre conscience du fait que je n'en étais, malgré tout, pas absolument dénuée, et me suis attachée à les surmonter, ou à prendre des distances par rapport à eux par le biais de l'humour.

Et j'ai conservé cette façon de fonctionner, qui me semblait honnête. Pour donner un exemple précis. Je sais que j'ai un a priori sur la perception du temps (qui passe) dans les cultures africaines. Lorsque j'ai tenu un bureau de vote, l'un des membres figurant sur ma liste portait un nom africain. J'ai eu un doute sur le fait qu'il arrive à l'heure et me suis présentée plus tôt que prévu pour pallier un éventuel retard de sa part. Il était effectivement en retard et le bureau n'aurait pas pu ouvrir sans mon apriori. Plus tard, nous en avons reparlé lui et moi et je lui ai avoué ce qu'il en avait été. Le monsieur m'a assuré qu'il était d'ordinaire très ponctuel et détestait être en retard. Je le crois sans peine, bien sûr.

Bon. Et la semaine dernière, je me suis trouvée dans la situation de faire visiter l'appart au dessus de mon cabinet, qui va être reloué, à plusieurs "candidats" et deux situations m'ont replongé dans des abîmes de réflexions.

Situation n°1: visite d'un monsieur à la mine patibulaire, accompagné de son traducteur. Je me renseigne sur la langue de leurs échanges. C'est le turc. Pendant toute la visite, pas un sourire. Juste une demande: l'autorisation de poser une cloison à un endroit où j'en ai abattu une il y a quelques années. Je lui dis que je ne préfèrerais pas et il insiste vraiment lourdement.
Je me dis que je ne veux pas qu'il soit le prochain locataire.
Et cette décision me travaille, malgré tout.


Situation n°2: Je passe à l'agence. On m'explique qu'un dossier a été déposé, que la dame a besoin d'un garant et d'un peu de temps pour réunir les documents. J'accepte qu'elle obtienne un délai pour ça.
Un autre dossier est évoqué, on m'explique qu'il faut aussi un garant...
Par rapport au premier dossier, l'employée de l'agence me dit: si au bout du délai, ce n'est pas bon, on remet en location?

Je dis: ou on voit avec les deuxièmes, non?(dans ma tête, ça se jouait entre ces deux personnes, avec qui le contact fut bon et que je pense pouvoir se plaire dans cet appart)

Elle balaie cette proposition en me disant qu'ils auront peut-être trouvé.

Un peu plus tard, je reçois un coup de fil de la jeune fille "du second dossier", très émue et qui a eu l'impression que son dossier était rejeté (on lui a rendu directement les papiers) dès que le nom de son compagnon (étranger) y était apparu. Nous en avons discuté ensemble (notamment de ma colère si l'agence prend d'elle même ce type d'initiatives alors que je n'ai jamais laissé entendre que ça me pose le moindre problème) et je me suis engagée à remettre son dossier en priorité sur la table si jamais l'autre dame ne prenait finalement pas l'appart.

Mais ça m'a énervée. Et réconfortée sur ma réaction vis à vis du monsieur à la mine patibulaire.

Mais du coup, je vais devoir réfléchir encore avant de répondre à ma propre question

Je n'ai pas su quoi répondre sur le sondage car ej suis assez d'accord avec tous les énoncés.

Je pense que ce que tu expliques est en quelque sortes l'exemple du racisme le plus commun, c'est un peu le délit de "sale gueule". Mais en gros c'est se méfier de quelqu'un parce qu'il est différent de nous.
Parfois les problèmes viennent du fait qu'on a peur d'énoncer ses différences, on y met quelque chose de mauvais et c'est là où on court un risque.
C'est un peu comme avoir peur de dire "noir", "arabe", d'évoquer des différences culturelles qui font que parfois il y a quelques malentendus.
En gros quand on se confronte à ce genre de problème si c'est entre un français et en belge, ou un francais et un allemand, on se dira qu'en efffet parfois on n'es tpas pareils mais sans y mettre un quelconque racisme, mais en revanche si on a ce genre de malentendu avec un turc, un malien... On se dit le racisme est proche.

Enfin en tout cas je trouve que cete forme de racisme là est celle que j'ai le plus pu remarquer. C'est un peu aussi une des dérives du politiquement correcte. PArfois peut-être aussi parce qu'on a peur. En fait la position que tu adoptes demande de constamment remettre en question les choses, t'interroger sur ce qui vraiment est juste en essayant de passer outre les préjugés. Et ça c 'es ptlus dur que le confort de priviligégier ou pas quelqu'un parce qu'il est différent. ( et je pense que les différences peuvent être raciales, culturelles, linguistiques, mais aussi physque)

Voilà je ne sais pas si je suis claire? en tout ca sj'ai été un peu longue :)

Je ne sais pas bien par rapport au monsieur turc à mon avis, c'est parce qu'il était aimable comme une porte de prison et qu'il voulait absolument réaliser des travaux qui ne te conviennent pas que tu as eu mauvaise impression. Le fait qu'il soit turc n'y est pour rien, j'en suis sûre. Je pense que j'aurais réagi de la même façon que toi, sans me poser la question après...

Pour ce qui est des apprioris raciaux et culturels...
Alors disons que... "les noirs ont le rythme dans la peau" c'est un apprioris racial et "les japonais sont très portés sur les protocoles" c'est un apprioris culturel ?
Les apprioris raciaux, je n'en ai cure. J'y crois pas. Parce que tous les plus répendus ont été démontés par plusieures de mes connaissances concernées.
Pour ce qui est des apprioris culturels... C'est différent.
Je n'ai jamais voyagé assez ou vécu dans un pays étranger pour me rendre compte de ces apprioris.
Est-ce que tous les japonais sont vraiment à cheval sur le protocol ? Certainement pas, mais est ce qu'ils le sont plus que les autres peuples ?

Là maintenant, pas le temps, mais je reviendrai...

je dirais comme Brune : je reviendrai! :tongue:

ce sujet m'interpelle vraiment, et notamment car il touche aussi à ma vie professionnelle, en plus de toucher à mes conviction,s bien-sûr!


I'll be back!

C'est une vaste question, pas facile d'y répondre en quelques mots !

Pour moi c'est avant tout ne pas accepter l'autre en raison de ses différences. Mais c'est aussi refuser d'accepter de reconnaître que l'autre est différent.

Quand tu dis Abi que tu avais un a priori sur l'heure d'arrivée du Monsieur africain, ma réaction c'est que d'une part oui, le rapport à l'heure n'est pas identique en Afrique et en Europe, c'est un fait. Mais le Monsieur en question vivant en France (né en France aussi peut-être), son éducation et ses habitudes de vie lui donnent vraisemblabement les repères horaires européens.

Je ne vois pas pourquoi nous nous empêcherions de dire que tous les hommes n'ont pas les mêmes habitudes, les mêmes repères, les mêmes cultures, et que tout cela façonne forcément des réactions différentes à des situations données.

Mais ne pas reconnaître que l'autre est différent peut aussi rapidement devenir du racisme, ou tout au moins être une forme de violence.

Ces différences de comportements, elles s'appliquent plus pour moi à des habitants de pays vivant dans leur pays ou qui en ont conservé les habitude, volontairement ou non, plutôt que à des "gens issus d'une partie du monde".

Ce que je veux dire, c'est qu'un africain qui vit en Afrique n'a pas le même comportement qu'un homme d'origine africaine né et vivant en France. Le racisme serait de ne considérer que l'aspect "racial" sans tenir compte de l'aspect "éducation" et "imprégnation". C'est bien évidemment transposable à un européen vivant en France par exemple, et un français né et vivant en Inde, dans un milieu indien.

Un des derniers poste sur lequel je viens de passer quelques temps m'a fait rencontrer des travailleurs sociaux au contact de populations de toutes origines. Ils m'ont dit avoir des problèmes avec les ressortissants d'un pays en particulier. Ils ont pris le temps de faire connaissance avec l'histoire, la culture et la vie sociale de ce pays et comprennent maintenant le pourquoi de l'attitude des gens qui posent problème. Ca ne veut pas dire qu'ils l'acceptent comme une fatalité, mais ils savent ce qui doit être expliqué clairement et les raisons de ces attitudes qui pourraient faire penser selon NOS critères que ces gens viennent là pour "profiter". Ce qui n'est en l'occurence absolument pas le cas.

Important donc de savoir le pourquoi des comportements, de les comprendre pour éviter de juger trop vite.

Juger une attitude à notre aune personnelle, ne pas envisager une échelle de valeur autre que la nôtre propre, c'est le début du racisme, non ?

Considérer que "les immigrés" font une ribambelle d'enfants pour toucher les allocs, par exemple puisque c'est un exemple rebattu, c'est ne pas tenir compte de certains facteurs culturels qui font qu'un homme doit avoir beaucoup d'enfants pour des raisons sociales notamment. Et rien ne dit que ce même homme vivant en France dans d'autres conditions que la culture de son pays d'origine ne se contenterait pas d'un ou deux enfants.

Et je me refuse à ne plus dire à mon fils quand je vais lui dire bonsoir dans sa chambre et qu'il a éteint la lumière : "souris que je vois où tu es". Ca a fait tomber une amie en catalepsie lorsqu'elle m'a entendue, parce qu'elle trouvait que ma phrase était raciste. Mais bien sûr ! Mon fils est noir, je ne vois rien qui m'oblige à lui faire croire le contraire ou a ne pas évoquer la couleur de sa peau.

C'est vraiment tout à ton honneur de te poser ces questions, c'est si rare.
Mon mari est d'origine marocaine, il se prenomme Hassan, nous sommes mariés depuis 8 ans et en couple depuis 10 ans. J'ai enormement évolué depuis que je vis à ses cotés, beaucoup de mes a prioris sont tombés, j'ai un oeil différent maintenant bien que parfois ca revient encore, mais c'est humain je pense.
J'ai voté pour la seconde solution.
Bises

ce serait génial si les a priori n'existaient pas...mais parfois on croit ne pas les avoir jusqu'à ce qu'on soit confronter à une situation réel!
dans ma famille je n'aurais jamais supposé avoir des racistes jusqu'au jour où je suis arrivée avec un petit ami noir! c'était une révélation affreuse pour moi, personne n'a été méchant , mais j'ai bein vu le malaise, la peur ( et si ça fini en mariage car ça a duré 4 ans) et mm m'a mère que je croyais au dessus de cela m'a sorti de ces trucs mais il fallait pas les accuser de racisme
pffffffffff ...

je vote 3

Et je n'ai pas répondu sur ton questionnement vis-à-vis du monsieur turc.

Clairement, je n'en voudrais pas comme locataire.

Si il refuse de comprendre, dès avant signature du contrat de location, que non, la cloison tu ne veux pas qu'elle revienne, tu peux considérer que tu te prépares avec lui de grosses migraines locatives ! et le fait qu'il soit turc ne change rien au problème, un emm***** reste un emm*****, qu'il soit français, turc ou patagonien de Mongolie extérieure !

Un aspect du racisme c'est la "discrimination positive". Et là on serait en plein dedans il me semble.

brunehaut a écrit:

Et je n'ai pas répondu sur ton questionnement vis-à-vis du monsieur turc.

Clairement, je n'en voudrais pas comme locataire.

Si il refuse de comprendre, dès avant signature du contrat de location, que non, la cloison tu ne veux pas qu'elle revienne, tu peux considérer que tu te prépares avec lui de grosses migraines locatives ! et le fait qu'il soit turc ne change rien au problème, un emm***** reste un emm*****, qu'il soit français, turc ou patagonien de Mongolie extérieure !

Un aspect du racisme c'est la "discrimination positive". Et là on serait en plein dedans il me semble.

Oui, c'est ce que je me suis dit, et je suis contente que tu parles de discrimination positive parce que c'est le point que j'avais oublié et ça a tendance à me faire bondir (surtout dans certaines bouches )au même titre que les quotas de femmes, toussa...

Pis là, le gars, clairement, il me faisait peur, et pas du fait qu'il soit turc (en revanche qu'il ne parle pas français et moi pas turc, c'était un peu flippant dans le contexte, je le voyais déjà arriver pas content et me demander de quoi ).

Je trouve très mignonne la petite phrase pour ton fils et si je ne trouve pas tout de suite d'équivalent qui ne choquerait bien sûr pas ta copine, je suis, là encore d'accord avec toi. Il m'arrive de taquiner mon mari avec des détails de son accent et ça ne m'a jamais posé plus question que ça .

Et pour les histoires d'horaire, pareil, je suis d'accord sur le fait que le temps n'a pas le même statut selon les endroits et me renseigne parfois lorsqu'il m'annonce une attente de cinq minutes pour savoir s'il s'agit de minutes françaises ou algériennes. A côté de ça, mes deux meilleures amies, qui sont toujours en retard sont nées et ont été élevées en France (et pour les deux, je crois que dans la culture familiale la ponctualité est de mise) et le monsieur du bureau de vote, lui, je ne crois pas qu'il ait grandi en France (mais je ne sais pas après tout) mais réellement s'il me dit qu'il est en général à cheval sur les horaires, je le crois.

Donc voilà, je suis, comme dirait Nils "énormément d'accord" avec ce que tu as écrit.

Abigaelle a écrit:

Donc voilà, je suis, comme dirait Nils "énormément d'accord" avec ce que tu as écrit.

Me plaît la formule de Nils, m'en rappellerai

Juste pour préciser, en nilsien énormément veut dire "très" quel que soit le contexte (il a énormément faim/froid..., son repas est énormément bon, il veut énormément voir un dessin animé...)

Je me demande s'il faut chercher un lien avec mon allure du moment (parce qu'il fait énormément chaud, je me traine énormément..)...

Fin du HS.