voilà ce que j'ai trouvé, je ne le savais pas mais c'est une piste intéressante pour les bb mis au sein mais qui ne prennent pas de poids...
DOSSIERS DE L'ALLAITEMENT n°52
Contraception par pilule progestative et baisse de la sécrétion lactée : 8 cas
La plupart des professionnels de santé savent que les pilules contraceptives contenant des œstrogènes ont un impact négatif sur la lactation, mais les pilules contenant uniquement un progestatif ont la réputation d'être parfaitement compatibles avec l'allaitement. Or, ce type de pilule semble aussi pouvoir induire une baisse de la lactation lorsque la prise est débutée dès les premières semaines post-partum ; des cas de baisse de la sécrétion lactée ont été rapportés même lorsque sa prise était débutée plus tardivement.
Il serait nécessaire que ces faits soient mieux connus, tant des mères que des professionnels de santé, et pour ce faire qu'ils soient notifiés. Une fiche spécifique de notification est en cours d'élaboration. Merci, lorsque vous rencontrez un cas similaire, de le notifier sans attendre au centre de pharmacovigilance local, ainsi qu'au médecin prescripteur (le cas échéant) et à l'AFSSAPS (merci de nous envoyer un double).
Deux cas présentés par Mme Corinne Dewandre, Animatrice LLL, Aix en Provence
" Cette mère a allaité son premier enfant pendant 6 mois. Elle avait une sécrétion lactée très abondante ; elle recueillait environ un litre de lait par jour dans des coupelles d'allaitement (en plus de ce que prenait son bébé). Elle a présenté de fréquents engorgements, ainsi qu'un abcès qui a été traité chirurgicalement.
Après la naissance de son second enfant, elle a de nouveau eu beaucoup de lait, et a présenté de fréquents engorgements. Un mois après l'accouchement, elle a commencé à prendre la pilule Cérazette®. Elle a constaté une très nette amélioration de son confort d'allaitement : plus d'engorgements, et une prise de poids excellente de l'enfant malgré des tétées peu nombreuses (6 tétées par jour). Cette mère a contacté LLL pour savoir si cette pilule présentait des riques pour son bébé. Rassurée sur ce point, elle décide de continuer à la prendre et de poursuivre son allaitement. Dans ce cas, la baisse de la sécrétion lactée liée à la prise de la pilule a eu un résultat positif sur le vécu de la mère.
" Le bébé de cette mère (qui est pédiatre) souffre d'une fente labiale. La mère tire son lait depuis l'accouchement, pour le donner au biberon. Sa sécrétion lactée était abondante ; elle tirait son lait 4 à 5 fois par jour, et à partir de J4 elle obtenait environ 150 ml de lait à chaque expression. A J10, elle commence à prendre la pilule Microval®. Dès le lendemain, elle constate une baisse importante de sa sécrétion lactée, et n'obtient plus que 40 à 50 ml de lait à chaque expression. Très inquiète, elle contacte une animatrice, en abordant d'elle-même la responsabilité de la pilule, qui lui semblait évidente ; par ailleurs, la sage-femme avec qui elle avait suivi des cours de préparation à la naissance avait suivi une formation en allaitement avec LLL France Formation, et elle avait mis en garde les futures mères contre un éventuel impact de ce type de pilule sur la lactation. La mère arrête donc la pilule à J12. A J14, la sécrétion lactée est revenue à la normale, la mère obte-nant à nouveau 140 à 150 ml de lait à chaque expression.
Cas présenté par Mme Flore Ollivier, Animatrice LLL, Strasbourg
" Cette mère a accouché le 10 novembre 2001, d'un bébé pesant 4430 g. Le démarrage de l'allaitement s'est parfaitement bien passé, ainsi que le premier mois, pendant lequel le bébé a pris 700 g (prise de poids notée par le pédiatre).
A la fin du second mois, la visite de routine permet de constater que le bébé n'a pris que 250 g en un mois. La mère s'en étonne : elle a poursuivi l'allaitement à la demande. Le bébé réclamait le sein environ 6 fois par jour, et semblait satisfait après les tétées ; la mère n'avait rien constaté d'anormal. Elle a décidé de louer un pèse-bébé, de prendre du Galactogyl, et de mettre son enfant au sein plus souvent, en le réveillant si nécessaire. Une semaine plus tard, le bébé n'avait pas pris un gramme.
La mère commençait à envisager le sevrage. Elle a contacté une animatrice de LLL, avec qui toute la pratique d'allaitement a été passée en revue. C'est en abordant la question de la prise éventuelle de médicaments qu'une cause possible de stagnation pondérale a été constatée : la mère avait commencé à prendre une pilule contraceptive progestative 2 jours après la visite du premier mois chez le pédiatre.
La mère a immédiatement arrêté la prise de cette pilule. 2 semaines plus tard, le bébé avait pris 350 g. Il était beaucoup plus éveillé et souriant. A la visite du 3ème mois, le bébé pesait 6,6 kg pour une taille de 63 cm. A 4 mois 1/2, âge auquel la mère a décidé d'arrêter l'allaitement, il pesait 8,5 kg pour une taille de 68 cm.
Cas présenté par Mme Sophie Chevalier, Animatrice LLL, St Lambert la Potherie
" Cette mère a accouché le 10 avril 2001, à terme et par voie basse, d'un enfant pesant 4120 g. L'allaitement débute sans difficulté particulière. A J3, l'enfant pèse 3700 g ; il pèse 3770 g à J4, et 3800 g à J5, jour de la sortie de maternité. A J7, la mère contacte LLL pour une diminution de la lactation liée à l'utilisation de bouts de sein ; il perd du poids (3620 g à J9), mais le problème est rapidement résolu après la suppression des bouts de sein. La prise de poids reste suivie régulièrement.
A J10, cette mère commence à prendre la pilule Microval®. L'évolution du poids est la suivante : 3700 g à J11, 3800 g à J14, 3860 à J17, 4020 g à J19 ; il reprend son poids de naissance à J21, et pèse 4330 g à 1 mois, et 5220 g à 2 mois. Quelques jours plus tard, la mère contacte une animatrice de LLL car son bébé est très agité pendant les tétées. On suspecte l'existence d'un réflexe d'éjection trop fort, et la conduite de l'allaitement est passée en revue. Les tétées redeviennent plus calmes. Mais 15 jours plus tard, la situation se dégrade à nouveau ; le bébé, qui dormait toute la nuit, se met à réclamer plusieurs tétées nocturnes, et semble perpétuellement affamé. A 3 mois et 20 jours, il pèse 6080 g. La mère, fatiguée, décide d'introduire les solides. A 5 mois, l'enfant pèse 6700 g.
A la fin du mois de septembre (le bébé a 5 mois 1/2), la mère contacte à nouveau l'animatrice, pour un problème de seins douloureux. Ils sont sensibles pendant les tétées, mais aussi en-dehors des tétées, à la pression et au frottement. Après avoir éliminé les causes habituelles pour ce type de problème, la possibilité d'un effet secondaire du contraceptif est envisagée. La mère arrête la prise de Microval® le 6 octobre. Le 6 octobre, le bébé a un peu moins de 6 mois et pèse 7300 g (+ 600 g) ; 1 mois plus tard, son poids est de 8500 g (+ 1200 g). Son alimentation n'a pas été modifiée entre le 5ème et le 6ème mois. L'enfant n'est plus agité au sein.
Quatre cas présentés par Mme Marie Courdent, Puéricultrice, Animatrice LLL, Consultante en lactation IBCL,Formatrice en allaitement, Lille.
" Cette mère a allaité son premier enfant (une fille âgée de 4 ans au moment de son 3ème accouchement) pendant 6 semaines avec beaucoup de difficultés ; le bébé tétait mal, refusait souvent le sein, avait des troubles digestifs, et ne prenait pas assez de poids. Elle a allaité pendant 10 mois son second enfant (un garçon âgé de 19 mois au moment de son 3ème accouchement), et ce sans aucun problème. Son 3ème enfant, une fille, est né le 22 juin 2001, et pesait 2770 g. La mère allaitait exclusivement. Le démarrage de l'allaitement s'est bien passé, et le bébé pesait 2900 g à J10. La mère a alors commencé à prendre la pilule contraceptive prescrite par la maternité : Microval® (lévonor-gestrel).
A J15, le bébé pesait toujours 2900 g, et 2670 g à 1 mois. La mère contacte alors une animatrice de LLL, qui passe en revue avec elle le déroulement de l'allaitement. Le bébé tète à volonté, réclame le sein 6 à 8 fois par jour, prend les deux seins, semble satisfait et repu après les tétées. Il lâche régulièrement le sein pendant la tétée pour laisser le lait couler, et l'hypothèse d'un réflexe d'éjection trop fort est envisagée. Par ailleurs, les urines ne sont pas aussi abondantes qu'il serait souhaitable, et les selles sont peu fréquentes. L'interrogatoire relève alors la prise de la pilule, et l'animatrice informe la mère du fait que ce type de contraception peut affecter négativement la lactation chez certaines mères ; des cas de baisse de la sécrétion lactée ont été rapportés, qui se sont résolus après l'arrêt de la prise de la pilule.
La mère cesse donc de la prendre. Les jours suivants, le bébé pleure davantage, réclame le sein plus souvent, ne laisse plus le lait dégouliner. Les couches deviennent plus lourdes, et les selles beaucoup plus abondantes. En 4 jours, il prend 200 g. Par la suite, la prise de poids est devenue excellente, et la petite fille pèse 3530 g à 2 mois, et 4725 g à 3 mois.
Trois mois ½ après son accouchement, la mère consulte sa gynécologue pour bénéficier d'une nouvelle contraception. Elle lui fait part des problèmes rencontrés avec la pilule Microval®. La gynécologue lui prescrit alors une nouvelle pilule, Cérazette® (désogestrel). Au bout de 10 jours, la mère cesse de la prendre : sa petite fille a recommencé à espacer les tétées et à laisser le lait dégouliner du sein ; elle ne tétait plus que pendant quelques minutes, souffrait d'importantes coliques et régurgitait fréquemment ; de plus, elle avait perdu 100 g en 1 semaine.
Avec le recul, la mère estime que la prise d'une pilule contraceptive est probablement la cause de l'échec de son premier allaitement. Elle avait effectivement recommencé à utiliser ce type de contraception peu de temps après la naissance, chose qu'elle n'avait pas faite après son second accouchement. Elle craignait l'éventuel impact des hormones féminines de synthèse de la pilule sur son fils, crainte qu'elle n'avait pas eue pour ses filles. Elle a décidé de ne plus utiliser de pilule contraceptive, et compte allaiter jusqu'au sevrage naturel.
Cette mère a écrit au personnel du service de maternité où on lui a prescrit cette contraception, afin de leur faire part des problèmes rencontrés, en espérant que cela pourra aider d'autres mères.
" Cette mère a accouché le 1er octobre 2001 de jumeaux. Elle allaite la petite fille exclusivement au sein, tandis que son petit garçon, qui a des difficultés pour prendre le sein, est nourri au biberon avec le lait exprimé par sa mère. Elle utilise un tire-lait Medela à double pompage, et obtient suffisamment de lait pour ses deux bébés. La nuit, elle tire 2 biberons de 150 ml pour son petit garçon, avant de mettre sa fille au sein. Cette dernière pesait 2130 g à la naissance, et a pris environ 1 kg par mois pendant les 2 premiers mois. Le petit garçon pesait 2490 g à la naissance, et il a pris 1 kg le premier mois, et 800 g le mois suivant.
8 semaines après son accouchement, cette mère a commencé à prendre la pilule Milligynon®. Au bout de quelques jours, elle constate qu'elle n'a plus les seins engorgés pendant la nuit, et qu'elle n'a plus de montées de lait ; elle tire difficilement 1 seul biberon de 150 ml, et doit tirer son lait plus souvent dans la journée pour en obtenir suffisamment pour son fils.
Après avoir contacté une animatrice de LLL, la mère décide d'arrêter la prise de cette pilule. La production lactée va remonter, mais difficilement, et la mère sera obligée de donner 1 biberon par jour de lait industriel à son petit garçon. A 3 mois, elle allaite exclusivement sa fille, et son fils reçoit toujours quotidiennement 1 biberon de lait industriel, les autres biberons contenant du lait maternel.
" A 8 semaines post-partum, à l'occasion de la visite post-natale, le gynécologue prescrit à cette mère la pilule Microval® pour éviter un " accident de retour de couches ". La mère insiste sur le fait qu'elle souhaite poursuivre l'allaitement pendant encore longtemps, et le gynécologue lui garantit l'absence d'effets indésirables. Au bout de 3 semaines, l'allaitement qui se passait bien auparavant est devenu nettement plus difficile. La mère sent beaucoup moins les montées de lait, l'enfant veut téter en permanence, la mère l'entend beaucoup moins déglutir. Lorsqu'elle tire son lait (pratique dont elle a l'habitude), elle en obtient beaucoup moins alors qu'elle passe plus de temps à le tirer. La mère contacte une animatrice de LLL. Après discussion, la mère décide d'arrêter la pilule. Une semaine plus tard, la sécrétion lactée a réaugmenté, et l'allaitement se passe à nouveau bien.
" Cette mère avait allaité son premier enfant jusqu'à 9 mois sans aucun problème. Mais les choses se sont passées différemment avec son second enfant. L'allaitement a bien démarré, puis le bébé a commencé à dormir de plus en plus et à réclamer de moins en moins le sein. Sa prise de poids est devenue insuffisante. Après un bilan général en milieu hospitalier, on a dit à la mère que " son lait ne convenait pas à son bébé ", et l'enfant a été sevré.
Lorsqu'elle a accouché de son 3ème enfant, l'allaitement a de nouveau bien démarré, et tout s'est bien passé pendant les 4 premiers mois. Puis le bébé, qui était toujours exclusivement allaité, est devenu très agité pendant les tétées, et semblait ne plus aimer prendre le sein. De plus, il n'a pas pris de poids pendant le mois suivant. La mère a alors assisté à une réunion de LLL, et elle y a entendu parler des problèmes qu'il était possible de rencontrer suite à la prise d'une pilule contraceptive progestative. Cette mère a immédiatement fait le rapprochement avec la pilule Microval® qu'elle avait recommencé à prendre quelques semaines auparavant, comme elle l'avait fait après son accouchement précédent, alors qu'elle ne l'avait pas prise après son premier accouchement. Elle décide alors d'arrêter de prendre cette pilule, et prend rendez-vous pour la pose d'un stérilet. Quelques jours plus tard l'allaitement se passe déjà mieux ; la production lactée a réaugmenté, l'enfant est beaucoup plus calme pendant les tétées, et semble avoir retrouvé le plaisir d'être au sein. A 7 mois 1/2, il est toujours allaité.
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Publié dans le Dossier de l'allaitement n°52, juillet 2002
Rubrique "Cas cliniques"